Dans le cadre de l’étude Esteban, Santé publique France a pu mesurer « les niveaux d’exposition à 5 familles de pesticides ainsi qu’aux PCB, dioxines et furanes, présents dans de nombreuses sources environnementales et alimentaires », fait savoir l’agence nationale de santé publique dans un communiqué. Pour la première fois, l’étude permet de décrire l’exposition à 5 familles de pesticides chez les enfants et l’exposition à de nouvelles substances, dont le glyphosate chez les adultes.
Santé publique France a étudié l’exposition de 2 503 adultes de 18 à 74 ans et de 1 104 enfants de 6 à 17 ans entre 2014 et 2016. Globalement, les niveaux mesurés sont en diminution par rapport à l’Étude Nationale Nutrition Santé (ENS) en 2006-2007 pour les pesticides dont les niveaux d’imprégnation avaient déjà été mesurés. Mais « certaines expositions à des substances aujourd’hui interdites concernent une part non négligeable de la population », relève Santé publique France. Ainsi, le lindane contamine près de 50 % des adultes et des enfants, le glyphosate près de 20 %.
Des sources d’exposition diverses
L’étude a permis d’identifier les facteurs qui influencent les niveaux d’imprégnation mesurés dans la population. Ainsi, l’alimentation, la consommation de tabac et l’utilisation d’insecticides domestiques jouent un rôle primordial.
Par exemple, Santé publique France relève que la consommation d’œufs ou de matières grasses augmente les imprégnations aux organochlorés, PCB, dioxines et furanes. La consommation de viande bovine augmente quant à elle les imprégnations aux pyréthrinoïdes, PCB, dioxines et furanes. À l’inverse, « la consommation de produits issus de l’agriculture biologique diminuait celles en organochlorés, en DMTP (métabolite des organophosphorés), et en pyréthrinoïdes », note Santé publique France. Enfin, la consommation de tabac et l’utilisation d’insecticides domestiques augmentent les imprégnations en pyréthrinoïdes.
« Globalement, nous observons plutôt une baisse des niveaux d’imprégnations aux pesticides et autres substances mesurées. Les niveaux sont comparables à ceux retrouvés en Europe. Afin de diminuer certaines concentrations, nos résultats suggèrent d’adopter une consommation alimentaire variée intégrant des produits de l’agriculture biologique. Mais également de respecter les conditions d’utilisation des insecticides au domicile et d’aérer régulièrement son intérieur », conclut Clémence Fillol, responsable de l’unité surveillance des expositions à Santé publique France.
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