Jon Stallé, ingénieur de Centrale et diplômé d’HEC, explique pourquoi le projet Station Energy n’a pas complètement réussi à convaincre lors d’un concours de pitch américain : “En fait, il s’agissait de raconter une histoire qui porte les jurés, ce qui demande de laisser de côté cette rationalité et linéarité typique des ingénieurs français”.
Tout est dit, par sa culture et son éducation, l’ingénieur français n’est pas né pour pitcher. Qu’à cela ne tienne, il sait apprendre, non ?
Entraînement et expérience
Si la présentation orale et les compétences en communication sont mises en avant dans l’éducation américaine, cela n’a jamais été le cas en France. Cependant, les grandes écoles ont depuis longtemps intégré à leur cursus des composantes de communication. A commencer par celles de marketing ou de commerce où, désormais, le pitch fait la loi. Ainsi, dans un article du Figaro Etudiant de 2012, Nathan Grass de ESCP Europe explique comment les étudiants sont mis en condition de pitch à tout moment quand Julien Morel, directeur du pôle entreprenariat de l’ESSEC précise qu’”il y a autant de pitchs que de situations”. Car non seulement, il faut savoir pitcher votre projet en une minute, cinq minutes ou 1h, mais il faut aussi savoir l’adapter à son public… Autant dire qu’il faut bien maîtriser son sujet, être entraîné et aussi… connaître son auditoire.
Start-up de la tech : acculturation obligatoire
Monter sa start-up de la tech implique de trouver des fonds. Et aujourd’hui trouver des fonds implique… de pitcher ! Conscients du manque d’habitude de pitcher des entrepreneurs français, institutions, associations de soutien aux start-up ou organismes de formation proposent désormais pléthore de solutions pour apprendre à pitcher. Et certains programmes spécifiques vont plus loin que le pitch et proposent une véritable acculturation à la planète “start-up de la tech” comme l’accompagnement Impact USA proposé par BpiFrance et Business France. Il s’agit alors en 10 semaines intensives dans la Silicon Valley de fournir les codes d’entrée de ce microcosme particulier et de lancer leur projet pour une quinzaine de start-up qui visent une installation Outre-Atlantique (voir ce reportage de Slate.fr : « Pour réussir dans la Silicon Valley, les Français apprennent à s’américaniser« )
Les universitaires s’y mettent aussi
Toujours très en retard sur le développement des compétences en communication de ses étudiants, l’université française et les instituts de recherche entrent doucement dans la danse. Cela se traduit notamment par le développement des concours “ma thèse en 180 secondes” où le doctorant doit présenter son sujet de recherche en termes simples à un auditoire profane et diversifié. Le concept, inspiré du Three minute thesis de l’université du Queensland en Australie a été repris en 2012 par l’association francophone pour le savoir (Acfas) au Québec avec l’ambition de l’étendre à l’ensemble des pays francophones.
Par Sophie Hoguin
Cet article se trouve dans le dossier :
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