« L’objectif du projet est de cibler une partie bien particulière des emballages, celle des multicouches qui représente environ 10 % des emballages européens », explique Alexis Beakou, directeur-adjoint de l’école d’ingénieurs SIGMA Clermont et participant aux recherches du projet Terminus. Les emballages multicouches présentent plusieurs couches de films plastiques de familles différentes collées les unes aux autres. À ce jour, ils posent problème, car ils ne sont pas recyclés, faute de technologie performante pour décoller les différentes couches.
Des enzymes d’origine animale et des adhésifs biodégradables
Des études préliminaires ont montré l’intérêt de la dégradation enzymatique pour séparer ces différentes couches. Le projet Terminus, coordonné par Sigma Clermont, cherche donc à inclure des enzymes, protéines produites par des cellules vivantes, dans les adhésifs apposés entre les différentes couches composant ces types de matériaux. Dans le cadre de ce projet, l’Université de Bologne est en charge d’étudier et de sélectionner les enzymes les plus performantes, et les adhésifs compatibles. « Le projet s’intéresse avant tout aux enzymes d’origine animale et aux adhésifs biodégradables », précise Alexis Beakou. Des industriels prennent part au projet, notamment le géant Tetra Pak et le groupe allemand de chimie des matériaux Covestro.
Le procédé envisagé repose sur une dégradation enzymatique en solution aqueuse qui sera déclenchée par le biais de rayons ultra-violets. L’objectif est de permettre la séparation des différentes couches de façon à obtenir des films plastiques constitués d’un seul type de polymère. « Nous allons étudier la qualité de ces films afin de voir s’ils sont de qualité suffisante pour être directement réutilisés ou s’il faut trouver d’autres formes de valorisation, explique Alexis Beakou.Nous travaillons pour concevoir un prototype de 50 litres qui sera, nous espérons, fonctionnel d’ici 2 ans ».
Les aspects sanitaires largement étudiés
Un plastique recyclable c’est bien, un plastique sans impact sanitaire c’est encore mieux ! Le projet s’attachera donc à mener une analyse du cycle de vie complète du matériau retenu. Il qualifiera le contact alimentaire et entreprendra une étude de migration sur les enzymes. Par ailleurs, « il y aura une phase de protection de ces enzymes, car nous redoutons qu’elles se dégradent lors du laminage multicouches, assure Alexis Beakou. C’est uniquement en solution aqueuse que les enzymes seront libérées de leur dispositif de protection et pourront dégrader l’adhésif ».
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