En novembre 2019, la France lançait son Plan de mobilisation du covoiturage. L’objectif : tripler d’ici 2024 le nombre de trajets réalisés en covoiturage du quotidien, pour atteindre les 3 millions de trajets par jour, soit environ 3 % des trajets quotidiens, contre 900 000 en 2019. Atteindre cet objectif permettrait de réduire les émissions nationales de 4,5 millions de tonnes par an, selon le gouvernement.
« Outre les effets positifs de cette mesure sur le climat, c’est une réponse à l’augmentation des prix du carburant, complémentaire des mesures que nous avons déjà mises en œuvre pour les Français, comme la ristourne carburant ou encore l’aide pour les travailleurs modestes, souligne la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher. C’est également complémentaire de nos efforts accrus pour électrifier le parc automobile et développer les mobilités actives. »
150 millions d’euros et deux primes de 100 euros
Ce nouveau plan mobilise 150 millions d’euros supplémentaires pour accélérer le développement du covoiturage. Au moins 50 millions serviront à épauler les collectivités. Ce montant servira au développement d’aires de covoiturage (8 500 sont recensées actuellement), de nouvelles lignes de covoiturage (40 sont existantes) et de voies dédiées sur les routes (4 expérimentations sont en cours).
Dès le 1er janvier 2023, les nouveaux conducteurs qui acceptent des covoitureurs pourront bénéficier d’une prime de 100 euros versée par les plates-formes de covoiturage. Le versement de la prime sera progressif : au moins 25 euros au premier covoiturage, le reste au dixième covoiturage qui devra être réalisé dans un délai de trois mois suivant le premier trajet. Une autre prime de 100 euros, cumulable, sera versée aux nouveaux inscrits réalisant trois trajets sur une longue distance.
En parallèle, dans les collectivités locales qui proposent des incitations financières, l’État viendra financer la moitié de l’aide accordée. Avec son principe « 1 € de l’État pour 1 € de la collectivité », le gouvernement espère inciter de nouvelles collectivités à lancer des dispositifs de soutien.
Les entreprises mobilisées par différents leviers
Le plan mise sur l’intérêt des particuliers, des collectivités, mais aussi des entreprises pour promouvoir la pratique auprès de leurs collaborateurs. Le gouvernement déploiera notamment un label Employeur pro-mobilité durable pour récompenser les entreprises engagées.
Voici l’heure de faire un premier bilan de l’engagement des entreprises. Depuis le lancement du premier plan covoiturage, 56 % des employeurs privés ayant déployé le Forfait mobilités durables l’ont ouvert au covoiturage. 451 employeurs et plus de 350 000 employés sont désormais bénéficiaires du programme Certificat d’Économies d’Énergie « Tous covoitureurs » pour développer le covoiturage courte distance autour de leurs sites.
Les entreprises ont recours au covoiturage par manque de transports en commun, pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre liées au déplacement de leurs employés ou pour protéger leur pouvoir d’achat face à la flambée du prix de l’essence. Le dossier de presse du gouvernement met en avant plusieurs exemples. Audrey Uguen, responsable mobilités durables chez Airbus, soulève l’intérêt du covoiturage au siège social de l’entreprise situé à Blagnac, le site étant mal desservi par les transports en commun. « Depuis que nous avons lancé ce projet [de covoiturage à destination des collaborateurs, ndlr], c’est plus de 4 000 collaborateurs inscrits et 160 000 trajets covoiturés.»
La pratique s’impose aussi chez Safran à Toulouse, où l’objectif est de baisser les émissions du site et de fluidifier le trafic sur la zone d’activité. « Aujourd’hui nous sommes fiers d’avoir, en 6 mois, 18 % de collaborateurs qui covoiturent », partage Christine Cochelin, directrice de l’établissement. Enfin, Angélique Anaïs Tournier, ambassadrice RSE du groupe Daher, met en avant « la flambée des prix de l’essence », pour justifier l’engagement du groupe dans le programme CEE Tous covoitureurs.
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