Fin mars 2020, le parc français des énergies renouvelables s’élevait à 54 234 mégawatts (MW). La hausse annuelle est de 2 574 MW. Mais la crise sanitaire impacte les volumes installés dans toutes les filières au deuxième trimestre. À la veille d’une crise économique majeure, le syndicat des énergies renouvelables (SER) dresse plusieurs propositions pour pérenniser les filières des énergies renouvelables. Il souhaite en faire un volet stratégique du plan de relance. Les objectifs sont triples : favoriser la création d’emplois et de valeur ajoutée dans nos territoires, décarboner l’économie et développer des filières françaises.
Adoptée fin avril, la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) planifie la transition énergétique d’ici 2028. Selon une étude commandée par le SER, les énergies renouvelables généreront à cet horizon 24 milliards d’euros de valeur ajoutée en France et représenteront 264 000 emplois directs et indirects, contre 166 000 emplois en 2019. « Une stratégie de densification du tissu industriel situé en France, en réduisant de moitié les taux d’importation, permettrait de générer 20 milliards d’euros supplémentaires sur la période de la PPE », prévient le SER.
Simplifier et accélérer les projets ENR
Les lourdeurs administratives françaises jouent toujours contre les projets d’énergie renouvelable. « Parmi les pays européens, nous avons le record de durée de développement des projets énergie renouvelable, partage Jean-Louis Bal, président du SER. Nous sommes les recordmen pour l’éolien avec 7 à 8 ans en moyenne, mais cela concerne aussi le photovoltaïque et les réseaux de chaleur ». Le SER dresse donc plusieurs propositions pour accélérer et fluidifier le développement des projets. En particulier, il soutient la dématérialisation du dépôt de demandes de permis de construire et d’autorisation environnementale. En plus, il souhaite accélérer l’instruction des candidatures aux appels d’offres et l’instruction des recours contre les projets.
Le SER appelle à pérenniser les revenus liés à la fiscalité carbone et à les affecter à des mécanismes d’accompagnement des ménages, des collectivités et des entreprises à la transition énergétique. Dans le prolongement de l’initiative franco-allemande pour la relance européenne, il appelle à renforcer le système communautaire d’échange de quotas d’émission (ETS), en ligne avec l’objectif de neutralité carbone en 2050. Il sera couplé à un prix plancher pour le carbone et à un mécanisme d’inclusion carbone aux frontières. Au niveau national, il s’agira d’augmenter la contribution climat-énergie (CCE).
Miser sur le bâtiment et les citoyens
Une autre proposition vise à faire de la neutralité carbone du bâtiment un pilier de la relance. MaPrimeRénov’, la nouvelle aide financière pour la rénovation énergétique, remplace le crédit d’impôt pour la transition énergétique (CITE). À partir de 2021, les foyers à haut revenu ne seront plus éligibles à cette aide. « Nous proposons de revenir sur ce nouveau périmètre qui a exclu les déciles 9 et 10, ceux aux plus hauts revenus, avance Jean-Louis Bal. Ce sont ceux qui contribuaient le plus au développement des énergies renouvelables dans le bâtiment ». Pour les ménages les plus modestes, le SER propose en plus la création d’un « chèque énergie renouvelable » sur le modèle du chèque énergie.
Enfin, le SER demande de sécuriser le développement des réseaux électriques, de gaz et de chaleur, et d’accompagner le développement des entreprises à l’international. Le syndicat demande toujours de stabiliser le cadre réglementaire. Cela passe entre autres par le respect des trajectoires, et notamment de la cadence des appels d’offres. Plus globalement, le SER invite l’Etat à initier un plan de communication national pour rappeler la nécessité de développer les énergies renouvelables et répondre aux contre-vérités, notamment sur l’éolien.
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