Premier constat d’Ocean energy Europe (OEE), l’Europe demeure le leader mondial des installations marines fondées sur l’énergie des courants et sur le houlomoteur. Attention, les chiffres sont loin des installations éoliennes offshore (loin des gigawatts), mais la courbe d’apprentissage ressemble de plus en plus à celle des parcs éoliens en mer.
L’hydrolien monte en force en Europe
Ainsi, la capacité installée en énergie des courants (essentiellement de hydrolien) a continué d’augmenter en 2019, atteignant 27,7 MW depuis 2010, soit près de quatre fois plus que dans le reste du monde.
En 2019, 1,52 MW ont été ajoutés, ce qui est moins qu’en 2018 (3,7 MW) parce que les développeurs misent désormais sur des projets plus importants, ce qui prend plus de temps à mettre en œuvre, précise OEE. Préfigurant les machines à venir, la plus puissante hydrolienne mise en service l’année passée l’a été en France. Un projet d’Hydroquest, société basée près de Grenoble, qui a immergé une turbine à axe vertical de 1 MW à Paimpol-Bréhat (Côtes d’Armor). Le kite hydrolien du développeur suédois Minesto (au Pays de Galles, avec 500 kW) fait également partie de cette catégorie des « grosses » machines. Également originaire de France, la petite hydrolienne de Guinard (20 kW) est, elle, destinée au marché de l’énergie local et a été mise à l’eau dans l’estuaire de la Ria d’Etel, dans le Morbihan.
En revanche, de nombreux projets de taille quasi commerciale sont dans le pipe et devraient entrer en service dès cette année, soit près de 3,4 MW prêts à entrer dans l’eau en 2020. Pour Sabella, autre « leader » français du secteur, une nouvelle immersion au large de Ouessant dans le cadre du projet Phares d’Akuo Energy avec EDF est prévue et démontrera aussi l’intérêt des hydroliennes de capacité intermédiaire.
A la fin 2019, 10,4 MW étaient effectivement à l’eau en Europe, la majorité d’entre eux étant installés en France et au Royaume-Uni.
La production d’énergie de ces équipements marémoteurs a atteint 15 GWh l’an dernier, notamment grâce au projet de Meygen. OEE souligne que les machines à l’eau ont démontré ainsi leur résistance aux difficiles conditions marines. Les projets européens en place ont ainsi produit 50% d’électricité de plus en 2019 que l’année précédente, selon les statistiques publiées ce mardi par Ocean Energy Europe (OEE).
OES relève trois nouveaux projets Horizon 2020 – LiftWEC, Element et NEMMO – chacun axé sur différents domaines d’amélioration pour les dispositifs d’énergie houlomotrice ou marémotrice.
Ces projets contribuent à atteindre les objectifs du plan stratégique pour les technologies énergétiques de l’UE (SET-plan) de 10 à 15 centimes d’€/kWh d’ici 2025-2030 pour l’hydrolien et une même valeur d’ici 2030-2035 pour l’énergie houlomotrice.
Ailleurs dans le monde, c’est au Canada, en Chine et aux États-Unis que les projets sont en cours de développement. Environ 1,8 MW sont ainsi prêts à être lancés.
Le houlomoteur européen
Sur le houlomoteur, 603 kW ont été ajoutés dans les eaux européennes en 2019. La croissance régulière du secteur au cours de la dernière décennie se poursuit ainsi, indique OEE. Plusieurs projets ont été mis à l’eau le long des côtes de l’Atlantique et de la mer du Nord, portant les installations cumulées de l’Europe à 11,8 MW.
Le français GEPS Techno (Wavegem, 120 kW) et le finlandais AW Energy (350 kW) ont installé, respectivement en France et au Portugal, leurs premières machines à taille réelle ; premier pas vers des parcs pilotes houlomoteurs. Les deux entreprises estiment pouvoir parvenir à monter en puissance dans les années à venir.
Le dispositif OPT (3 kW, en Ecosse) est également à pleine puissance ; sa capacité inférieure est appropriée pour alimenter directement des équipements de surveillance et des applications similaires, plutôt que pour la production d’électricité à grande échelle.
Les équipements en test (mais pas à taille réelle) représentaient la moitié des installations en 2019, Nemos (70 kW, en Belgique), AMOG (40 kW, en Cornouailles) et Waves4Energy (50 kW, en Italie).
Bien que l’Europe reste à la pointe de l’énergie houlomotrice en termes de capacité cumulée et d’excellence technologique, l’écart se réduit, avec le reste du monde, signale cependant OEE. Les installations annuelles dans d’autres parties du monde ont, pour la deuxième année consécutive, dépassé l’Europe, précise OEE. Les États-Unis et la Chine commencent à récolter les fruits d’investissements soutenus en RD&I, avec des installations combinées de 1,8 MW en 2019.
Ailleurs dans le monde
OES est le nom du programme de collaboration technologique lancé par l’Agence internationale de l’énergie (AIE) pour relier les différentes programmes indépendants, internationaux, gouvernementaux et de l’industrie en matière de technologies marines (hors éolien donc). L’OES compte 25 membres à fin 2019.
L’OES a renommé les enjeux en OES-environmental (OES-E), dont font partie 15 pays, emmené par le DOE américain et mis en œuvre par le Pacific Northwest National Laboratory. OES met notamment à disposition une base de données Tethys avec de nombreuses études et rapport sur l’impact des énergies marines.
Les Espagnols de Tecnalia ont présenté une étude sur les coûts, dont les résultats ont été partagés avec les l’AIE dans le cadre de ses travaux sur les renouvelables. OES a lancé deux programmes sur la modélisation et la validation des technologies marines. La première est conduite par Raboll, du Danemark, pour le houlomoteur, et la seconde par l’Energy Research Institute de Nanyang Technological University, à Singapour, autour de l’énergie des courants marins. Par ailleurs, un groupe de pays – Japon, Inde, Chine, France et Pays-Bas – travaille sur les technologies ETM (Énergie thermique des mers) afin d’évaluer le potentiel mondial et de discuter des projets actuellement en cours.
Enfin, en 2019, une nouvelle étude a été lancée autour des emplois dans le secteur, coordonné par France Énergies Marines. Un atelier a par ailleurs eu lieu sur les énergies marines et les conditions insulaires. L’OES a enfin soutenu un projet de l’EMEC, en Ecosse autour des sites de test en mer.
OES passe en revue 20 pays et l’Union européenne, comptée comme pays. A l’aune de cette revue de détail, au-delà de l’Europe, deux zones sont particulièrement actives en matière d’énergies marines : l’Amérique du Nord et l’Asie.
En Amérique du Nord, la Loi sur les énergies renouvelables marines au Canada a été modifiée pour étendre les tarifs de rachat et les accords d’achat d’électricité aux développeurs d’énergie marémotrice travaillant sur « Force » (Fundy Ocean research centre for energy), le site de recherche sur la technologie des courants de marée dans la baie de Fundy, en Nouvelle Ecosse. Et deux autres sites de tests sont en service. Jusqu’à présent, 7 MW ont été alloués pour l’énergie des marées par le pays.
De leur côté, les États-Unis ont lancé une nouvelle initiative de R&D « Powering the Blue Economy » pour explorer les opportunités sur les marchés océaniques américains. Le Water Power Technologies Office (WPTO) du ministère de l’Énergie (DOE, en initiales anglaises) a alloué 25 M$ pour des projets innovants, et a lancé toute une série d’appels à projets dotés de financements. Au total, le pays dispose de 13 sites d’essais, dont certains alloués par la Marine nationale (Navy).
En Asie
Des progrès sont constatés par OES, l’Inde rend les technologies marémotrices, marémotrices et OTEC éligibles aux obligations d’achat renouvelables, et la Chine fournit un tarif de rachat temporaire de 0,33 € / kWh pour la technologie des courants de marée. La Corée du Sud a dédié près de 17 M$ à ces projets marins.
L’énergie cumulée produite à partir de l’énergie des vagues et des courants de marée est passée de moins de 5 GWh en 2009 à 45 GWh en 2019. Cette multiplication par dix place le secteur sur une voie prometteuse pour la prochaine décennie.
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