Les émissions mondiales de CO2 provenant de la combustion des énergies fossiles et de la production de ciment vont atteindre un nouveau record en 2024. Elles devraient s’élever à 37,4 milliards de tonnes de CO2 (GtCO2), en hausse de 0,8 % sur un an, selon la dernière publication de référence du Global Carbon Budget produite par une équipe internationale de plus de 120 scientifiques. Ces émissions avaient augmenté de 1,4 % en 2023 et de 0,9 % en 2022. En ajoutant les émissions mondiales de CO2 dues au changement d’usage des terres (4,2 GtCO2), les émissions totales atteindraient 41,6 GtCO2 en 2023, contre 40,9 en 2023 (+1,7 %). Ces projections doivent néanmoins encore être confirmées.
En moyenne, au cours des dix dernières années, les émissions de CO2 liées aux énergies fossiles ont augmenté, mais celles liées au changement d’affectation des sols ont diminué. Mais cette année, les deux types d’émissions devraient s’intensifier. Pour le changement d’usage des terres, cela provient des « conditions de sécheresse aggravant les émissions dues à la déforestation et aux incendies de dégradation des forêts pendant l’événement climatique El Niño de 2023-2024 », partage le communiqué de l’étude.
Le monde continue donc de s’éloigner de ses objectifs climatiques. Malgré le besoin urgent de réduire les émissions pour ralentir le changement climatique, les chercheurs affirment qu’il n’y a toujours « aucun signe » que le monde a atteint un pic d’émissions de CO2 d’origine fossile. La concentration atmosphérique en CO2 devrait atteindre 422,5 parties par million en 2024, en hausse de 52 % par rapport à l’ère préindustrielle (278 ppm).
Toutes les énergies fossiles en hausse
À l’échelle mondiale, les émissions des différents combustibles fossiles devraient augmenter en 2024 : charbon (+0,2 %), pétrole (+0,9 %), gaz (+2,4 %). Le charbon représente désormais 41 % des émissions mondiales de CO2 liées à l’énergie, le pétrole 32 % et le gaz 21 %. Les émissions liées à la production de ciment (4 % des émissions mondiales) devraient quant à elles diminuer de 2,8 %. « Compte tenu de l’incertitude des projections, il reste possible que les émissions de charbon diminuent en 2024 », précise le communiqué de l’étude.
À compter du 1er janvier 2025, l’étude évalue à 235 GtCO2 le budget carbone restant pour avoir une chance sur deux de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C. Au niveau actuel d’émissions, il pourrait être dépassé dans 6 ans. Le budget pour limiter le changement climatique à 1,7°C (585 GtCO2) serait quant à lui dépassé dans 14 ans, et celui pour limiter le changement climatique à 2°C (1 110 GtCO2) dans 27 ans.
Des tendances contrastées
Les tendances restent contrastées. Les émissions diminuent dans 22 pays représentant 23 % des émissions mondiales de CO2 au cours de la dernière décennie (2014-2023). En particulier, un recul de 3,8 % est attendu dans l’UE, et de 0,6 % aux États-Unis.
La situation est moins rose en Inde où ces émissions devraient augmenter de 4,6 %. En Chine, il faudra s’attendre à une légère hausse de 0,2 %. Pour leur part, l’aviation et le transport maritime internationaux (3 % du total mondial, et comptabilisés séparément des totaux nationaux/régionaux) devraient augmenter de 7,8 % en 2024, mais rester sous leur niveau d’avant la pandémie de 2019 de 3,5 %.
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