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Les émissions de CO2 liées à l’énergie toujours en hausse - Crédit : freepik

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Les émissions de CO2 liées à l’énergie toujours en hausse

Posté le par Matthieu Combe dans Environnement

En pleine COP28, les chiffres tombent : les émissions liées à la combustion des énergies fossiles poursuivent leur ascension. Voici l’enseignement principal du Global Carbon Budget 2023.

Les émissions mondiales de CO2 provenant de la combustion d’énergies fossiles et de la production de ciment vont atteindre un nouveau record en 2023. Elles devraient s’élever à 36,8 milliards de tonnes de CO2 (Gt CO2), en hausse de 1,1 % sur un an, selon la dernière publication de référence du Global Carbon Budget produite par une équipe internationale de plus de 120 scientifiques. Elles avaient augmenté de 0,9 % en 2022. En ajoutant les émissions mondiales de CO2 dues au changement d’usage des terres (4,1 Gt CO2), les émissions totales atteindraient 40,9 Gt CO2 en 2023, en augmentation de 0,5 % par rapport à 2022. Ces projections doivent encore être confirmées.

Le monde continue de s’éloigner de ses objectifs. « L’estimation de 2023 est que les émissions liées aux énergies fossiles seront supérieures à ce qu’elles étaient avant le COVID en 2019. C’est aussi 6 % au-dessus de 2015, lorsque l’Accord de Paris a été signé », partage Pierre Friedlingstein, chercheur à l’Université d’Exeter et auteur principal de l’étude, lors d’une conférence de presse à la COP28 de Dubaï.

7 ans de budget carbone pour atteindre +1,5°C

L’étude évalue à 275 Gt de CO2 le budget carbone restant pour avoir une chance sur deux de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C. Au niveau actuel d’émissions, il pourrait être dépassé dans 7 ans. Le budget pour limiter le changement climatique à 1,7°C serait quant à lui dépassé dans 15 ans, et celui pour limiter le changement climatique à 2°C dans 28 ans.

Il va donc falloir aller vite et faire un effort sans précédent. « En distribuant ce budget, il faudrait atteindre la neutralité carbone avant 2040 », assure Pierre Friedlingstein. Cela reviendrait à diminuer les émissions anthropiques totales de CO2 en moyenne de 2,4 Gt CO2 par an, soit chaque année de 5,9 %. La neutralité devrait être atteinte en 2055 au plus tard pour limiter le changement climatique à 1,7°C et en 2080 pour 2°C.

Des tendances contrastées selon les pays

Les émissions mondiales de tous les combustibles fossiles devraient augmenter : de +1,1 % pour le charbon, +1,5 % pour le pétrole et +0,5 % pour le gaz. Celles liées à la production de ciment devraient aussi poursuivre leur hausse de 0,8 %. Les niveaux de CO2 atmosphérique devraient atteindre en moyenne 419,3 parties par million (ppm) à la fin de l’année. C’est 51 % au-dessus des niveaux préindustriels.

Il y a des tendances assez contrastées. Les émissions diminuent dans 26 pays. En particulier, un recul de 7,4 % est attendu dans l’UE, et de 3 % aux États-Unis. La situation est moins rose en Inde où ces émissions devraient augmenter de 8,2 % et en Chine de 4 %.

Le rôle du changement d’usage des terres

Les émissions mondiales de CO2 dues au changement d’usage des terres devraient diminuer légèrement cette année. Elles atteindraient 4,1 Gt CO2, contre 4,7 Gt CO2 par an au cours de la dernière décennie (2013-2022). À eux trois, le Brésil, l’Indonésie et la République démocratique du Congo contribuent à hauteur de 55 % de ces émissions. « Mais gardez en tête qu’environ un quart de ces émissions sont dues à des produits destinés à l’exportation », observe Julia Pongratz, professeure de géographie physique et de systèmes d’utilisation des terres à l’Université de Munich, également autrice de l’étude.

Ces émissions baissent depuis 20 ans, mais les chiffres restent très incertains, en raison de suivis mal orchestrés. Il est également difficile de séparer l’activité humaine des dynamiques naturelles de la végétation, notent les auteurs. Julia Pongratz détaille : « Les émissions d’utilisation des terres et changement d’affectation des terres, c’est un mélange de flux qui vont dans les deux directions. D’un côté, les modifications de l’agriculture augmentent ou diminuent les aires forestières et les autres aires naturelles de végétation. De l’autre, la récolte du bois entraîne des émissions quand vous défrichez la forêt ou brûlez des produits forestiers, mais élimine du CO2 quand la forêt repousse ensuite. » En fin de compte, les émissions liées à la déforestation restent malheureusement trop importantes pour être compensées par les absorptions liées au reboisement et au boisement.


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