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Les écoles d’ingénieurs en mutation

Posté le par La rédaction dans Entreprises et marchés

Confrontées à la concurrence internationale, les écoles d’ingénieurs françaises innovent. Elle forment désormais leurs élèves à l’entrepreneuriat, et soutiennent les “jeunes pousses”.

Alors que la concurrence internationale n’a jamais été aussi rude, les écoles d’ingénieurs françaises tentent de rester attractives. Leur nouvel objectif est de favoriser la création d’entreprises et de transmettre l’envie d’innover à leurs élèves. Ainsi, elles sensibilisent ou forment de plus en plus leurs élèves à l’entrepreneuriat, et les accompagnent dans leurs projets. Même si 1,4% des ingénieurs diplômés se lancent dans l’entrepreneuriat (selon le palmarès de l’Etudiant), ils sont de plus en plus nombreux.

C’est par exemple le cas de cet étudiant de l’Isat (Institut supérieur de l’automobile et des transports). A tout juste 20 ans, il a inventé un système innovant de simulation automobile. Pour protéger son idée, son école lui a mis à disposition un local chez Welience, son centre d’activités de recherche technologique et de développement. Selon le directeur de l’Isat, interviewé par Le Journal du Centre, “l’école est une usine à entrepreneurs… Mais peu d’ingénieurs créent des entreprises en France. Les bonnes idées sont rares. Notre mission est aussi d’offrir à l’idée la capacité d’émerger.”

Des cursus réorganisés

Alors que la formation en alternance, qui commençait à peine à se développer dans les écoles d’ingénieurs, est menacée par la réforme de la taxe d’apprentissage, l’idée est donc désormais de pousser les élèves à créer eux-mêmes leurs entreprises. 

Comment inspirer, dès le départ, les aspirants ingénieurs ? En les sensibilisant. La plupart des écoles d’ingénieurs organisent, souvent en début de cursus, des conférences et des rencontres avec d’anciens diplômés devenus porteurs de projets. 

Elles participent aussi à des concours d’innovation, comme Créa’Campus, qui permet à des équipes étudiantes de créer un projet (au départ fictif) d’entreprise, ou à des compétitions étudiantes, comme le challenge “Projet d’entreprendre”, organisé par Télécom Lille, pendant lequel s’affrontent des écoles d’ingénieurs. 

“Le frein est trop souvent dans la tête. Les élèves ont besoin de voir que leurs pairs ont réussi”, indique Joël Courtois, le directeur de l’Epita, à l’Etudiant.

Pour mieux former les élèves à l’entrepreneuriat, trois écoles d’ingénieurs sur quatre ont réorganisé leurs cursus. Nombre d’entre elles proposent ainsi des unités d’enseignement (UE) ou des modules dédiés à l’entrepreneuriat, comme le parcours “valorisation de projets” de l’ECE Paris (ex-École centrale d’électronique). 

Pour “former” les élèves à l’entrepreneuriat, des écoles privilégient “l’apprentissage par l’action”, à travers le travail sur des projets (création de start-up, plan de développement d’un produit ou d’une activité nouvelle). Certaines vont plus loin, en permettant aux élèves de concevoir des projets pouvant être portés tout au long de la scolarité – avec un parcours aménagé permettant, par exemple, d’effectuer son stage dans sa propre structure.

En 2014, l’Institut National Polytechnique (INP) de Toulouse a créé le statut “étudiant-entrepreneur”, destiné aux étudiants voulant développer leur projet de création d’entreprise. Les élèves sélectionnés suivent leurs études classiques, tout en avançant sur leur projet d’entreprise. Leur emploi du temps est aménagé, et ils peuvent bénéficier d’un an supplémentaire pour effectuer leur cursus et pour obtenir leur diplôme.

Une poignée d’écoles (10%) propose aussi des filières entièrement consacrées à ce domaine. C’est par exemple le cas de l’École polytechnique, qui en plus d’avoir créé un Master d’innovation et de recherche, a mis en place trois formations en entrepreneuriat, attirant 130 étudiants. Ces formations conjuguent des cours théoriques, des stages en entreprises et la poursuite d’un projet de start-up.

A titre d’exemple, dans le cadre du Master Innovation & Entrepreneuriat, des élèves de l’X ont créé la start-up FeetMe, dédiée à la fabrication d’un nouveau type de semelles visant à prévenir les ulcères du pied pour les diabétiques de type 2.

La vague des incubateurs

Une fois que les projets ont germé dans l’esprit des élèves ingénieurs, au delà de la formation, l’objectif des écoles reste de les accompagner dans la création de leurs start-ups. Dans le cas de l’École polytechnique, un incubateur, “X-entrepreneuriat”, a par exemple été créé pour accompagner les jeunes inventeurs et entrepreneurs. Ce lieu, qui met aussi un “Fab Lab” à disposition des élèves, est partenaire de l’incubateur ParisTech Entrepreneurs, qui structure et accompagne “les projets numériques innovants en France”.

Nombre d’écoles suivent ce modèle, comme Centrale Paris ou l’Ensam (Ecole nationale supérieure des arts et métiers), qui ont mis en place des incubateurs mettant à la disposition des jeunes entrepreneurs, les locaux et le matériel de l’école, ainsi qu’un réseau d’experts. “La présence d’un incubateur leur montre que nous pouvons les accompagner tout au long de leur démarche », explique Laurent Champaney, directeur général adjoint de la formation, au quotidien Le Monde.

Le soutien de l’école peut aussi être financier. Ainsi, l’École polytechnique propose-t-elle un programme d’accompagnement au développement de start-up, après le Master Innovation & Entrepreneuriat. Géré par des “anciens” élèves de l’école installés aux Etats-Unis, le programme Silicon Valley Fellowship comprend une bourse de 20 000 dollars par participants, 6 mois de “coaching” et la possibilité d’effectuer des stages dans des start-ups de la Silicon Valley.

Par Fabien Soyez

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