Deux tiers des dentifrices commercialisés en France contiennent du dioxyde de titane. Suite à une nouvelle étude, l’association Agir pour l’Environnement a établi une liste édifiante de 271 dentifrices dont la composition intègre cette substance qui comporterait un risque pour la santé. Ce sont ainsi deux dentifrices sur trois qui sont concernés, sur les 408 dentifrices commercialisés sur le marché français. Parmi ceux qui en contiennent, 25 sont estampillés « bio ». Et même un dentifrice pour enfants sur deux comporte dans sa composition cette substance controversée. Une information d’autant plus préoccupante qu’en janvier dernier, le gouvernement a confirmé l’interdiction de cet additif de tous les produits alimentaires. Le dioxyde de titane disparaîtra donc de tous les aliments en France dès mi-avril 2019.
Sur les emballages, la présence de dioxyde de titane est signalée par les dénominations E171 ou TiO2. Utilisé pour favoriser la blancheur et la brillance des produits, il se présente sous la forme d’une poudre blanche qui sert de colorant. La controverse liée à l’utilisation de ce produit est due à sa composition qui contient des nanoparticules. D’une taille inférieure à 100 nanomètres, les particules de dioxyde de titane pourraient s’infiltrer très facilement dans l’organisme. En 2017, l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), avait rendu publique une étude confirmant que le dioxyde de titane favorisait la croissance de « lésions colorectales précancéreuses » chez le rat.
Le dioxyde de titane, un très répandu « cancérogène possible »
Cette étude menée sur le rat n’a cependant pas permis d’établir la dangerosité avérée du dioxyde de titane sur l’homme. Toutefois, des études pilotées par l’Agence de sécurité sanitaire (Anses) ont confirmé le passage des nanoparticules de TiO2 à travers la barrière hémato-encéphalique. Déjà en 2006, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) avait reconnu le dioxyde de titane comme « cancérogène possible pour l’homme ». Or, à l’heure actuelle, la réglementation n’exige pas que la mention « nanoparticules » figure sur les emballages des produits concernés. C’est pourquoi Agir pour l’Environnement demande à la Direction générale de la répression des fraudes (DGCCRF) une enquête pour savoir « si l’absence de la mention nano sur l’étiquetage des dentifrices est justifiée ».
Pour Magali Ringoot, chargée de mission chez Agir pour l’Environnement, il est insensé que la substance soit interdite dans l’alimentation et pas dans les produits de toilette. Selon elle, « il serait incohérent de tolérer le dioxyde de titane dans les dentifrices alors qu’on l’interdit dans l’alimentation ». Agir pour l’Environnement a lancé une pétition dans le but d’étendre l’interdiction du dioxyde de titane à d’autres produits que les seules denrées alimentaires. Le dioxyde de titane est également présent dans l’enrobage des chewing-gums, et selon l’UFC-Que Choisir dans 4000 médicaments.
L’attention de l’association Agir pour l’Environnement se focalise particulièrement sur le dentifrice à cause du risque d’ingestion qu’il implique. Ce risque est d’autant plus fort chez les enfants, qui sont plus prompts que les adultes à avaler une petite quantité de dentifrice à chaque brossage de dents. Par ailleurs, Agir pour l’environnement s’est particulièrement penché sur le cas d’un dentifrice pour enfants, le « Signal kids goût fraise 2-6 ans ». Dans ce produit de la marque leader sur le marché français, 47% des particules de TiO2 sont inférieures à 100 nanomètres. Notons que le dioxyde de titane a essentiellement une utilité esthétique, pour atteindre un blanc éclatant.
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