Décryptage

Les DEEE, enjeu d’économie circulaire

Posté le 26 août 2024
par Pierre Thouverez
dans Entreprises et marchés

Les déchets d'équipements électriques et électroniques (DEEE) constituent une parfaite illustration des enjeux économiques liés à la gestion de ce type de déchets.

D’après le rapport publié en 2021 par l’Ademe, près d’un million de tonnes de DEEE ont été collectés sur le territoire, pour un taux de recyclage de 77%. Dans le même temps, ce sont 2,4 millions de tonnes d’équipements électriques et électroniques qui ont été mis sur le marché. 

En termes d’évolution, le taux de collecte a augmenté de 17% depuis 2020, atteignant 49,8%, alors que les objectifs européens fixent un taux de 65% des appareils mis sur le marché. Pour ainsi dire, la France n’atteint donc pas les objectifs fixés par l’Europe.

L’organisation de la filière EEE en filière REP – responsabilité élargie du producteur – a permis la mise en place et l’agrément, pour la période 2021-2027, d’éco organismes, financés par les producteurs de DEEE, qui vont assurer les opération de tri, collecte, dépollution, recyclage et valorisation des DEEE. A l’heure actuelle ces éco organismes sont au nombre de quatre : Ecosystem, Ecologic, Srelec (cartouches d’encre) et Soren (panneaux photovoltaïques). Leurs objectifs, à savoir la prise en charge de la responsabilité des producteurs concernant la fin de vie de leurs produits mis sur le marché et le développement de dispositifs de collecte et de traitement des déchets, principalement, les place au centre d’un écosystèmes d’acteurs : producteurs, distributeurs, importateurs, installateurs, acteurs de l’ESS, associations de consommateurs… dont il faut parvenir à coordonner les actions pour atteindre les ambitions de collectes des DEEE fixés au niveau européen. 

Au-delà, l’entrée en vigueur de la loi AGEC étend la responsabilité des filières REP aux activités de réparation, réutilisation, et de réemploi des produits électroniques et électroménagers. Afin de limiter au maximum la production de déchets en amont. Pour favoriser ces pratiques, les outils pédagogiques à destination des entreprises se multiplient, et des méthodologies viennent bousculer les habitudes des entreprises. Ainsi, pour faciliter le reconditionnement des appareils électroniques et leur réemploi, la mise en place de gestes simples doit se généraliser : il faut ainsi éviter de benner les DEEE, car cela risque de les endommager de manière irrémédiable. Second point, le stockage des écrans doit se faire de manière adaptée, en évitant absolument de les entreposer sous d’autres déchets lourds, ce qui pourrait abîmer leurs composants. Et en les plaçant écran contre écran, pour éviter les rayures. L’utilisation des cartons d’emballage d’origine est également recommandée pour protéger les appareils. Enfin, éviter d’entreposer les produits électroniques en extérieur, ce qui apparaît logique.  

La mise en place de ces pratiques, qui sont de l’ordre du bon sens, ne sont pourtant pas forcément simples à mettre en place. A titre d’exemple, conserver les emballages des produits électroniques afin de les réutiliser pour les protéger en fin de vie nécessite de disposer d’un espace de stockage spécifique, ce qui n’est pas forcément évident pour les entreprises, à fortiori celles qui disposent d’un parc électronique important. 

Les pratiques de réemploi, réutilisation et réparation doivent permettre de mettre en place une économie circulaire pour les produits électroniques et électroménagers, avec potentiellement à la clé des baisses substantielles d’émissions de gaz à effet de serre. Par exemple, un smartphone reconditionné permet de réduire l’impact carbone annuel de ce produit de 70 à 80 % par rapport à l’achat d’un appareil neuf. Le smartphone reconditionné évite également l’extraction de près de 80 kg de matières premières.


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