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Les crèmes solaires sont une source de contamination chimique

Posté le par La rédaction dans Environnement

[Tribune] Réseau Environnement Santé

En septembre dernier, plusieurs associations membres du Réseau Environnement Santé (C2DS, CNMSE et WWF-France) alertaient sur les risques posés par les cosmétiques bébé et notamment via la présence de perturbateurs endocriniens comme les parabens. A cette occasion avait été mise en évidence la faiblesse de la réglementation en matière de cosmétiques.

Les cosmétiques, contrairement à ce que l’on croit souvent, ne sont pas mis sur le marché comme les médicaments après l’obtention d’une AMM (Autorisation de Mise sur le Marché).L’agence qui en a la charge, l’AFSSAPS (Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé), émet simplement des recommandations d’évaluation des risques, mais celles-ci, de son propre aveu, ne sont pas contraignantes. Il n’y a donc pas une évaluation spécifique des cosmétiques pour bébé. Il n’y a pas non plus d’évaluation systématique du potentiel cancérogène ou de perturbation endocrinienne. L’Académie de Médecine elle-même avait reconnu le bienfondé de ces critiques en pointant les insuffisances actuelles de la réglementation dans son communiqué du 9 Décembre 2008 : « Il faut insister sur l’absence de données sur la résorption percutanée chez le nourrisson et le jeune enfant, ainsi que sur l’absence de connaissances sur le métabolisme et l’excrétion des ingrédients contenus dans les crèmes chez les nourrissons ».

Privilégier les produits connus pour leur absence de toxicité
L’Académie faisait également les recommandations suivantes : « privilégier les ingrédients les plus anciennement connus pour leur absence de toxicité à court, à moyen terme et, si possible, à long terme », « n’admettre dans la composition des produits cosmétiques pour bébés que des substances dont l’absence de toxicité a été démontrée, en tenant compte non seulement de tous les composants du produit mais aussi de leurs interactions éventuelles ».Des engagements avaient été pris en novembre par l’AFSSAPS (Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé) et le Ministère de la Santé, notamment en matière d’étiquetage spécifique pour les toxiques pour la reproduction, mais à ce jour ils n’ont pas été suivis d’effets. Le reportage de l’émission Envoyé Spécial diffusée le 30 Juillet 2009 sur les crèmes solaires illustre ces mêmes carences. L’équipe de la chercheure suisse Margret Schlumpf interviewée dans le reportage a montré que plusieurs ingrédients des crèmes solaires sont des perturbateurs endocriniens.

Appliquer le principe de précaution
Interviewé également, André Cicolella, porte-parole du RES, a insisté sur le fait que les crèmes solaires sont un vecteur de contamination chimique de la quasi-totalité de la population, y compris donc de la fraction la plus sensible, celle des nouveau-nés, et que l’exposition à des substances oestrogéniques peut conduire au développement des cancers hormono-dépendants comme le cancer du sein. Les crèmes solaires ont pour fonction de protéger des effets des rayonnements UV et ne devraient donc pas avoir de toxicité propre. Le principe de précaution impose donc de ne pas utiliser dans des usages cosmétiques des substances du type perturbateurs endocriniens. Le même raisonnement vaut pour les nanomatériaux, aujourd’hui très présents dans ces cosmétiques et dont l’effet n’a pas été évalué suffisamment. En outre, l’impact sur l’écosystème n’est pas négligeable comme le montrait également le reportage d’Envoyé Spécial. 4.000 tonnes de crèmes solaires sont en effet répandues, chaque année, dans les bords de mer du globe, avec des conséquences en termes de mortalité du corail. Les filtres UV sont retrouvés aussi dans les eaux usées. 

Des cancers liés à l’utilisation des filtres UV ?
Un certain nombre de données scientifiques conduisent à penser que l’augmentation du cancer de la peau pourrait être la conséquence de l’emploi des filtres UV :
  • certaines substances génèrent des radicaux oxydants sous l’effet des rayonnements UV ;
  • la réduction de l’exposition au rayonnement UV-B par les filtres UV diminue la production, par la peau, du photoprotecteur naturel qu’est la mélanine,
  • la diminution de la production de vitamine D chez les utilisateurs de crèmes solaires.
Or, ces 3 phénomènes sont impliqués dans les cancers de la peau. Ces questions sont néanmoins encore controversées (Voir les articles « filtre ultra-violet » et « sun screen controversy » sur Wikipedia).L’ONG américaine EWG analyse régulièrement les crèmes solaires du point de vue de leur efficacité et de la toxicité de leurs composants. En 2009 près de 2.000 crèmes solaires ont été passées au crible (lire le rapport complet).

3 produits sur 5 ne protègent pas la peau
Même si les produits et les gammes ne sont pas identiques sur le marché français, il est vraisemblable que la situation n’est pas fondamentalement différente, car les ingrédients utilisés (pouvant contenir des perturbateurs endocriniens et des nano-matériaux) sont quasiment les mêmes dans les 2 pays, et les réglementations reposent sur les mêmes principes.On retiendra que selon cette étude, 3 produits sur 5 ne protègent pas la peau ou contiennent des substances dangereuses. EWG (Environmental Working Group) met en cause l’agence américaine, la FDA (Food and Drug Administration). On peut, de même, s’interroger sur la responsabilité de l’AFSSAPS en ce domaine. Comment se fait-il que des perturbateurs endocriniens puissent être utilisés dans les crèmes solaires avec manifestement des effets clairement démontrés chez l’animal sans que celle-ci y trouve à redire ? 

Source :
Le Réseau Environnement Santé a été lancé en mars 2009 sous l’égide de l’Alliance pour la Planète et plus particulièrement des ONG suivantes : WWF France, Fondation Sciences Citoyennes, MDRGF, FacVerte, Objectif Bio et Nord Ecologie Conseil.

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