Les voitures électriques bon marché chinoises vont-elles envahir le marché européen ? Alors que l’Union européenne a entériné la fin des moteurs thermiques dans les voitures neuves à partir de 2035, une certaine inquiétude apparaît sur le Vieux Continent, berceau de marques prestigieuses et qui a dominé l’innovation automobile pendant plus d’un siècle. La Chine représente aujourd’hui environ 8 % des ventes de voitures électriques en Europe. Preuve de cette montée en puissance et pas seulement en Europe, le constructeur automobile chinois BYD a pour la première fois dépassé Tesla en termes de livraisons de voitures électriques au niveau mondial au dernier trimestre 2024.
Face à cette crainte d’une inondation du marché européen, l’Europe a réagi en lançant une enquête, en octobre dernier, sur les subventions attribuées aux voitures électriques. Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, s’est ainsi justifiée lors de son quatrième discours sur l’état de l’Union : « les marchés mondiaux sont aujourd’hui inondés de voitures électriques chinoises bon marché dont le prix est maintenu artificiellement bas par des subventions publiques massives”. L’enquête, qui ne doit pas excéder 13 mois, devra déterminer à quel niveau la Chine subventionne ce secteur de son économie, et si une concurrence déloyale est avérée, l’Europe pourra prendre des mesures compensatoires, en augmentant ses droits de douane sur les produits incriminés, en s’appuyant sur les règles établies par l’OMC (Organisation mondiale du commerce).
Les États-Unis ont déjà pris une mesure protectionniste en subventionnant uniquement l’achat de véhicules électriques produits sur leur sol ou chez leurs alliés, tels que le Canada. La France a embrayé le pas puisque depuis le 1er janvier 2024, le pays n’accorde un bonus écologique qu’aux véhicules électriques ayant un score environnemental acceptable. Seuls ceux dont les émissions de CO2 générées par la production, mais aussi le transport de l’usine jusqu’au client, ne dépassent pas un certain seuil seront subventionnés. Une mesure qui exclut la totalité des voitures chinoises, selon une première liste de véhicules éligibles rendue publique par un arrêté au journal officiel en fin d’année dernière, puis mise à jour au début du mois de février. À noter, que la Dacia Spring, reine du low-cost, mais produite en Chine, n’est plus éligible au bonus. Du côté de Tesla, si le Model Y conserve bien cette aide, ce n’est plus le cas du Model 3.
Des voitures électriques chinoises produites en Italie grâce à Stellantis
Pour contrecarrer cette mesure, la marque MG, filiale de l’entreprise chinoise SAIC Motor, a décidé de casser les prix en annonçant une remise immédiate de 4 000 euros sur tous ses modèles électriques et mêmes hybrides rechargeables de sa gamme. Quant au géant chinois BYD, il a annoncé son intention de construire une usine en Hongrie dans le but d’éviter toute possibilité de sanctions économiques à l’égard des modèles chinois. Il faudra tout de même attendre de longs mois avant qu’elle ne sorte de terre.
Mais la contre-offensive pourrait paradoxalement venir de Stellantis, devenu actionnaire stratégique de Leapmotor en octobre dernier grâce à un investissement de 1,5 milliard d’euros. Le but de ce rapprochement avec cette start-up chinoise spécialisée dans les voitures électriques est de développer l’activité internationale des véhicules électriques de ce constructeur. Le groupe franco-italo-américain envisagerait la production en Italie de 150 000 voitures électriques par an de la marque Leapmotor sur un site de production historique de Fiat.
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