Le Covid-19 ayant eu raison de Laval Virtual, le salon dédié à la réalité virtuelle a été… virtualisé. Retour sur une première plutôt satisfaisante, même si la « magie » n’a pas aussi bien opéré.
Le salon Laval Virtual, dont la 22e édition s’est déroulée du 22 au 24 avril dernier, n’a jamais aussi bien porté son nom. Il a en effet pris place dans un espace virtuel, Laval Virtual World, faute d’avoir pu se tenir comme à l’accoutumée dans le chef-lieu de la Mayenne, en raison du Covid-19. Les conférenciers, les exposants et les visiteurs étaient donc conviés à télécharger le logiciel PC/Mac de VirBELA (une entreprise de San Diego en Californie), à personnaliser leur avatar puis à se téléporter dans ce monde virtuel, logé sur une île. Divers bâtiments – centre de conférences, salles de réunion… – étaient prêts à les accueillir.
Une préparation qui s’est faite au pas de course : le 9 mars, l’association Laval Virtual annonçait officiellement l’annulation du salon. Mais, dès le lendemain, les organisateurs se mettaient en quête d’une solution technique de rechange. « Nous avons mobilisé plus de cinquante personnes dans le monde pour tester une quarantaine de plates-formes de virtualisation, raconte Laurent Chrétien, DG de Laval Virtual. Dix jours plus tard, notre choix s’est porté sur VirBELA. Nous avons entamé la refonte de l’évènement entre fin mars et début avril ». L’analyse comparative des plates-formes évaluées – Engage, VRChat, Altspace VR, etc. – a été publiée sur Linkedin. Une étude plus approfondie est prévue plus tard.
Une perte de 400 000 euros
Autre choix, d’ordre financier cette fois : la gratuité des inscriptions. « Hormis la contribution de quelques sponsors, nous n’avons pas cherché à instaurer un nouveau modèle économique » ajoute Laurent Chrétien. Les pertes sèches occasionnées par l’annulation du salon – ou plutôt son report, l’édition 2021 étant prévue sans appel d’offres avec les mêmes fournisseurs et prestataires – et des autres rendez-vous (Laval Virtual Asia, tour d’Europe) sont estimées à 400 000 €. Elles devraient être lissées sur plusieurs années, grâce à un prêt garanti par l’État.
Si ce salon virtuel était hébergé sur les serveurs de VirBELA, un centre des opérations avait également été monté dans le showroom du Laval Virtual Center, bâtiment situé en Mayenne. « Une équipe de quatre personnes était en charge de l’aspect technique, précise Maud Oukaltoum, responsable du salon. L’infrastructure était composée de dix ordinateurs, dont six consacrés au streaming du contenu des divers conférences. Une hotline par téléphone ou Whatsapp était également disponible ». Au lieu des 120 bénévoles qui officient habituellement sur le salon en dur, quatre personnes se relayaient à l’accueil notamment.
C’est par là, comme d’ordinaire dans le monde réel, que l’arrivée dans Laval Virtual Word s’effectuait. A gauche, le centre de conférences, à droite le bâtiment abritant Recto VRso, festival dédié aux arts et aux technologies immersives. Et, réparties sur toute l’île, de grandes salles réservées à certains partenaires (AMD, Microsoft…) et de plus petites aux réunions d’affaires, qui pouvaient être privatisées pour assurer la confidentialité… De passage dans le grand bâtiment central pour assister à quelques conférences, on se rend compte que l’expérience virtuelle est semblable à l’expérience réelle. Tout au moins du point de vue du spectateur, face à l’orateur sur la scène : questions à l’oral ou à l’écrit (via le chat) à la fin de la présentation, applaudissements…
« Mieux que la visioconférence »
Sceptique au départ, Stan Larroque, dont l’avatar louait les qualités du casque Lynx, a finalement apprécié : « C’est mieux que la visioconférence, on éprouve un sentiment d’espace ». Une petite consolation pour ce jeune ingénieur qui avait loué un stand de 80 m² à Laval, pour y dévoiler les premiers exemplaires de son produit. Voilà la plus cruelle absence affectant ce rendez-vous virtualisé : les exposants et leurs stands parfois un peu fous, qui participent au charme de l’évènement. Impossible de voir et de toucher le « hardware », en particulier les casques. « Cependant, ce sont des technologies matures et nos interlocuteurs sont des connaisseurs, tempère Antoine Bezborodko, producteur exécutif chez Holoforge Interactive, développeur logiciel spécialisé dans les technologies immersives. La dimension commerciale est certes plus convaincante avec un casque. »
Du reste, ces logiciels immersifs ne pouvaient-ils pas être intégrés à ce Laval Virtual World, lui aussi logiciel ? « On y a pensé afin que certains exposants puissent faire des démonstrations auprès de leurs clients, répond Maud Oukaltoum. Mais nous ne disposions que de trois semaines. D’autre part, l’intégration d’un code tiers dans un code existant pose des questions juridiques et de confidentialité ». Ce n’est probablement que partie remise, si jamais une édition virtuelle doit encore avoir lieu.
Quoi qu’il en soit, Laval Virtual World a porté ses fruits, à en juger par les 11 200 inscrits et les nombreux messages de remerciements affichés ici et là sous la forme de post-it. Hormis quelques plantages et des serveurs sous-dimensionnés la veille de l’ouverture, la plate-forme de VirBELA a tenu la route, confortant l’association Laval Virtual dans son choix. Celle-ci pourrait même promouvoir une activité annexe : la prestation de services. « Nous avons développé une expertise et pourrions aider d’autres organisateurs à virtualiser leurs évènements, confie Laurent Chrétien. Nous avons déjà une quinzaine de sollicitations. »
Les innovations qu’il fallait voir
Éviter les accidents aux passages à niveau
Créé par Virtuose Reality en partenariat avec la SNCF notamment, ce logiciel de formation apprend aux conducteurs de poids-lourds à gérer les risques au croisement d’un passage à niveau défaillant. Les accidents de ce genre ont en effet souvent des conséquences dramatiques. Ce logiciel fonctionne avec l’Oculus Quest.
L’incrustation vidéo au service de l’interaction sociale
Développé par Clarté, le système Semantic See Through, basé sur des techniques de deep learning, sert à incruster les images vidéo des différents participants dans une réunion virtuelle 3D. Ainsi le sentiment de présence individuelle et sociale est-il renforcé. Ce système est particulièrement adapté aux casques « video see through », comme le Lynx ou le Varjo XR-1.
Pour rééduquer les victimes d’infirmité motrice cérébrale
Inveion est un logiciel destiné aux personnes handicapées par une infirmité motrice cérébrale, qui affecte environ trois enfants sur mille. Il aide à déclencher des neurones moteurs et à corriger les gestes des jeunes patients. Un premier essai clinique sur 58 enfants a démontré des progrès en matière de motricité et de socialisation.
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