Il existe plus de 200 millions de blogs dans le monde, et chaque mois 3 millions de nouveaux blogs apparaissent sur la toile. Pourtant, un village gaulois résiste encore et toujours à l’envahisseur numérique. Un village ? Non, c’est toute la science gauloise ! En effet, alors que les chercheurs américains et britanniques se sont très vite emparés du phénomène pour communiquer avec le grand public dès 2008, la communauté française persiste à dédaigner la blogosphère. Pourquoi ? Tenir un blog serait chronophage et sans intérêt…financier.
Autrement dit, les chercheurs français n’ont pas besoin d’utiliser un tel outil de communication. Autre différence majeure avec les anglosaxons, la perception qu’ont les gens de la science. « Aux Etats-Unis, on constate une grande curiosité du public pour les sciences, d’où un plus grand engouement pour la recherche perçue comme fun et cool.» explique Antoine Bonvoisin, journaliste scientifique et ex-coordinateur du projet d’édition du livre « Les meilleurs blogues de science ». Ce qui n’est pas du tout le cas en France, comme le rappelle le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (CREDOC) dans son rapport sur la curiosité scientifique des français et leur désir de développer leurs connaissances : seuls 10% des habitants de l’hexagone considèrent la science comme un centre d’intérêt. Mais les scientifiques n’ont pourtant pas de quoi se vexer. Au contraire, selon un rapport de l’Eurobaromètre, 52% des européens préfèrent quand l’information scientifique provient du chercheur directement plutôt que par le journaliste.
Justement, le blog rempli parfaitement cette fonction et permettrait de renouer le lien entre la communauté scientifique et le grand public. Car tenir blog présente de nombreux avantages, comme en témoignent les blogs anglosaxons. Certains chercheurs se servent de leur blog comme un outil de communication avec leurs étudiants, rajoutant du contenu en ligne en complément des cours magistraux. Si certains se lancent dans le blogging par amour de la vulgarisation, d’autres ont vite saisi la puissance d’un tel outil pour réaliser leur veille et communiquer avec leurs pairs. En publiant une partie de leurs travaux, les chercheurs peuvent interagir en temps réel avec leurs confrères, l’idéal pour faire progresser les travaux. Alors qu’attendent les frenchies pour se mettre à bloguer ?
Devant le désert de blogs scientifiques français, certains initient des initiatives qui pourraient bien bousculer l’inertie des chercheurs français. Jusqu’à 2013, il n’existait qu’un seul portail de blogs de sciences, le Café des sciences, ouvert en 2006. Puis Pour la Science a ouvert son propre portail réservé aux chercheurs bloggeurs, scilogs.fr qui rassemble une vingtaine de blogs. De quoi susciter des vocations ?
Par Audrey Loubens
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