« Pourquoi le gouvernement ignore-t-il ses propres résultats ? » interroge Dale Vince, fondateur d’Ecotricity, numéro un de la fourniture d’électricité verte en Grande-Bretagne.
Le département à l’énergie et au changement climatique (DECC) a en effet réalisé une enquête en juillet 2012 montrant que 64% des citoyens sont favorables à l’éolien terrestre, et seulement 28% au gaz de shiste. Malgré cette enquête il s’avère que le gouvernement offre un cadre très favorable au développement à cette énergie fossile au bilan environnemental et sanitaire très débattu, et en revanche réduit celui de l’éolien terrestre.
Dans le cadre d’une dynamique favorable à une autre filière non durable, le nucléaire, et ceci depuis Margaret Thatcher, le gouvernement de David Cameron a accepté un tarif d’achat de 109 euros le MWh pour les projets nucléaires EPR du français EDF outre-Manche.
Même les intellectuels anglais pro-nucléaires ont été très critiques concernant ce tarif très élevé. Pour Dale Vince « sacrifier l’éolien terrestre et encourager l’éolien maritime et le solaire est un non sens économique, spécialement en période d’austérité et de coupes budgétaires.
L’éolien terrestre est la forme d’EnR la plus économique dont nous disposons. Les grands projets solaires coûteront [en Grande-Bretagne ndlr] 50% de plus par unité d’électricité délivrée, et l’éolien offshore 100% plus cher. »
L’éolien terrestre, surtout au Grande-Bretagne, île balayée par les vents de l’Atlantique et de la Mer du nord, est effectivement bien meilleur marché que le solaire photovoltaïque. La Grande-Bretagne n’est pas particulièrement réputée comme destination pour passer ses vacances au soleil.
Dale Vince estime que « nous avons besoin des trois formes d’EnR pour notre sécurité énergétiques à long-terme, et soutenir l’éolien terrestre permettra de faire baisser le coût global du mix EnR. Il est illogique de payer davantage pour de l’électricité verte que ce qui est nécessaire, cela permet simplement au gouvernement de blamer les EnR et de les tenir responsables de la hausse du prix de l’énergie ».
Est-ce aux citoyens ou aux grands groupes énergétiques de décider de l’avenir énergétique d’un pays ? Les citoyens britanniques sont favorables à l’éolien terrestre mais le gouvernement freine cette filière pour encourager celles qui sont plus coûteuses. La situation est problématique tant sur le plan démocratique que sur le plan financier.
Le kWh nucléaire EPR est plus cher que l’éolien terrestre mais meilleur marché que l’éolien offshore. Encourager les EnR coûteuses tout en freinant volontairement les EnR bon marché permet de créer un climat favorable au nucléaire et au gaz de schiste. Une stratégie particulièrement perverse.
Publié par Pierre Thouverez
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