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Les bienfaits du respect des recommandations nutritionnelles sur l’environnement

Posté le 23 avril 2020
par Nicolas LOUIS
dans Environnement

Une étude démontre que les personnes qui suivent les recommandations nutritionnelles de 2017 réduisent l'impact de leur alimentation sur l'environnement de 50 %. Un régime alimentaire pauvre en viande et riche en aliments d'origine végétale explique ce résultat.

Suivre les recommandations nutritionnelles fait du bien à la planète, telle est la conclusion d’une étude réalisée par des chercheurs de l’INRAE, l’Inserm, l’Université Sorbonne Paris Nord et Solagro. En 2017, lorsque le nouveau PNNS (Programme national nutrition santé) est publié, il intègre pour la première fois la dimension environnementale de l’alimentation. « Nous avons démontré que les personnes qui suivent les recommandations nutritionnelles de 2017 réduisent l’impact global sur l’environnement de leur alimentation de 50% comparé à celles qui les suivent moins, confie Emmanuelle Kesse-Guyot, directrice de recherche à l’INRAE. En comparaison, celles qui suivaient les préconisations de 2001 le réduisaient de seulement 25 %. »

Un questionnaire sur 250 aliments consommés

Ce résultat a été obtenu grâce à une étude de cohorte. Depuis 2009, 165 000 adultes volontaires sont suivis afin d’étudier les liens entre nutrition et santé via le programme NutriNet-Santé. Parmi ceux-ci, plus de 28 000 personnes ont accepté de répondre à un questionnaire spécifique portant sur la fréquence et les quantités consommées de 250 aliments. Des scores d’adhérence ou non aux recommandations nutritionnelles ont été établis à travers un système de notation. Ces données ont été jumelées avec l’impact des 250 aliments sur l’environnement grâce aux travaux de l’association Solagro. Trois indicateurs ont été retenus  : les rejets de gaz à effet de serre (GES), l’énergie demandée pour produire les aliments et enfin l’occupation des sols.

« La meilleure préservation de l’environnement s’explique principalement par la baisse de la consommation de viande combinée à une alimentation davantage basée sur le végétal », analyse Emmanuelle Kesse-Guyot. Depuis 2017, le PNNS conseille de limiter la consommation hebdomadaire de viande rouge à 500 grammes et la charcuterie à moins de 150 grammes. Alors qu’en 2001, il préconisait la consommation de viande, de poisson et d’œufs à raison d’une à deux fois par jour. Une évolution importante car les aliments d’origine végétale préservent beaucoup plus l’environnement que ceux d’origine animale. Ces quelques chiffres en témoignent  : 1 g de protéines de blé émet 52 fois moins de GES que 1 g de protéines de ruminants et 8 fois moins que 1 g de protéines de poulet ou de porcs.

Une étude future sur l’alimentation bio

Même si, pour la première fois, les recommandations 2017 incitent à la consommation d’aliments issus de l’agriculture biologique, ce mode de production n’a pas été pris en compte parmi les critères positifs pour l’environnement. « Nous allons réaliser une étude spécifique pour mesurer l’impact de ce régime alimentaire », précise la chercheuse. Ce manque aurait pu avoir un effet négatif sur les résultats puisque l’agriculture biologique, avec des rendements par hectare moins élevés que ceux de l’agriculture conventionnelle, entraîne une plus grande occupation des sols, qui est lui l’un des critères environnementaux retenus. Là encore, le fait que les personnes qui mangent bio soient à la fois celles qui mangent le moins de viande a permis de les classer comme ayant un impact limité sur l’environnement dans l’étude. Bien sûr, consommer des aliments bio présente l’avantage de limiter l’exposition aux pesticides. « Sur le plan de la santé, l’étude démontre que l’application des recommandations nutritionnelles de 2017 permettrait de prévenir la mortalité prématurée de 35 000 personnes en France, principalement liées aux maladies cardiovasculaires, soit 10 % de plus que les recommandations de 2001 », ajoute Emmanuelle Kesse-Guyot

Dans le monde, les systèmes alimentaires sont responsables d’environ un quart des GES et contribuent, de façon importante, à la pollution de l’eau, des sols et à la perte de biodiversité. Dans une étude dévoilée en 2018, l’Université d’Oxford a évalué qu’à l’horizon 2050, en considérant une population mondiale comprise entre 8,5 et 10 milliards d’habitants et un triplement du revenu global, les GES issus des systèmes alimentaires pourraient progresser de 87 %. Changer son mode alimentaire, en adoptant par exemple le régime méditerranéen ou végétarien, sera l’un des leviers pour limiter cet impact.


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