La clôture des Assises de l'eau s'est déroulée le 1er juillet avec la présentation du plan d'actions retenu par François de Rugy et Emmanuelle Wargon. Objectif : préparer l'adaptation au réchauffement climatique des ressources en eau.
Lancée en novembre 2018, la seconde séquence des Assises de l’eau s’est intéressée à l’enjeu de l’adaptation des territoires au réchauffement climatique. En vue, une baisse des débits moyens des cours d’eau qui pourrait atteindre jusqu’à 40 % en 2070. Les travaux ont fait émerger 23 actions réparties en trois objectifs prioritaires : protéger les captages d’eau potable, économiser et mieux protéger l’eau, préserver nos rivières et nos milieux humides. Pour y parvenir, le gouvernement parie sur trois leviers : donner davantage de moyens aux collectivités locales, développer des outils de gestion d’eau sur le territoire, favoriser les changements de comportement des citoyens et des divers acteurs économiques.
Protéger les captages d’eau potable
Pour protéger la ressource en eau et fournir une eau potable de qualité, il faut protéger l’aire situé autour de chaque captage. En cause, les pollutions diffuses comme les nitrates et les pesticides. Le gouvernement souhaite donc renforcer cette protection en donnant aux collectivités locales les moyens de favoriser des pratiques agricoles plus durables. En particulier, il instaure un droit de préemption aux collectivités locales sur les terres agricoles situées sur les zones de captages d’eau potable.
Le plan d’actions compte aussi protéger les 1000 captages prioritaires à l’aide d’un plan d’actions spécifique à chacun d’ici fin 2021, contre seulement 500 aujourd’hui. La profession agricole s’engagera à réduire les pollutions diffuses sur au moins 350 captages prioritaires d’ici 2022. Et 20 territoires expérimenteront des paiements pour services environnementaux en récompense de pratiques agricoles qui protègent les ressources en eau dès 2020.
Économiser et mieux protéger l’eau
Le réchauffement climatique réduira les ressources en eau. Dès lors, il faut travailler à plus de sobriété afin d’assurer un partage équitable entre les différents usages. Le gouvernement fixe donc un objectif de réduction des prélèvements d’eau de 10 % d’ici 5 ans et de 25 % d’ici 15 ans.
Entre autres, le plan d’actions compte favoriser le déploiement de tarifications incitatives aux économies d’eau. En plus, il intégrera des mesures d’économies d’eau dans la future règlementation environnementale des bâtiments neufs en 2022. Enfin, il vise l’élaboration d’une cinquantaine de projets de territoire pour la gestion de l’eau d’ici 2022 et d’une centaine d’ici 2027.
Préserver nos rivières et nos milieux humides
L’adaptation au changement climatique nécessite de protéger les écosystèmes aquatiques pour réduire l’impact des risques naturels. En particulier, les rivières et les zones humides en bon état nous protègent des inondations. Le plan d’actions souhaite donc restaurer 25 000 km de cours d’eau d’ici 2022 et doubler la superficie des aires protégées contenant des milieux humides d’ici 2030.
Les Agences de l’eau consacreront 5,1 milliards d’euros d’aides entre 2019 et 2024 pour les actions en faveur de l’adaptation au changement climatique. Et l’enveloppe de 2 milliards deuros consacrée aux Aquaprêts de la CDC/Banque des territoires – des prêts à un taux égal au livret A + 0,75% sur des durées de 25 à 60ans – sera étendue aux projets de restauration des cours d’eau et des milieux humides.
Les acteurs agricoles et de l’eau réagissent
Si la FNSEA se félicite de plusieurs actions, elle reproche une approche trop règlementaire « Nous ne comprenons pas l’approche trop règlementaire de la protection des rivières et des milieux humides, ni la focalisation excessive sur un droit de préemption dans les zones de captage alors que ces Assises de l’Eau« , a réagi la FNSEA dans un communiqué.
La Fédération des entreprises de l’eau (FP2E) appelle à une « clarification de la gouvernance et des financements pour relever les défis« . Pour sa part, l’Union des Industries de l’Eau et de l’Environnement (UIE) regrette l’absence de solutions opérationnelles sur plusieurs sujets d’importance, notamment pour renforcer les dispositifs pollueur-payeur et pour lutter contre les micropolluants. Elle dénonce un manque d’ambition : « la France réutilise actuellement 0,1 % de ses eaux non conventionnelles : tripler ce volumes d’ici 2025 [action 7 du plan] en passant à 0,3 % n’est pas une option satisfaisante quand nos voisins (Espagne/Italie) réutilisent jusqu’à 10 % de leurs eaux usées.«
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