Des avions déviant de leur trajectoire, entrant accidentellement dans l’espace aérien militaire, incapables de manœuvrer… De nombreux pilotes ont eu besoin d’être guidés par le contrôle du trafic aérien pour poursuivre leur vol. Heureusement, ces incidents n’ont pas entraîné de crashs.
Survenus principalement aux États-Unis, ils sont dus à des brouillages des signaux GPS. Il ne s’agirait pas de cas isolés selon un article publié récemment aux États-Unis. La FAA en a comptabilisé plusieurs centaines en 2017 et 2018. En un seul jour de mars 2018, 21 avions avaient signalé des problèmes de GPS aux contrôleurs aériens près de Los Angeles. Il s’agissait notamment d’un hélicoptère d’évacuation sanitaire, de plusieurs jets privés et d’une douzaine d’avions commerciaux.
Le responsable de ces perturbations serait l’Armée américaine qui multiplie les tests dans différents Etats (Michigan, Wisconsin, Dakota…). Selon un rapport de la RTCA (Radio Technical Commission for Aeronautics), une association à but non lucratif, le nombre de tests GPS militaires a presque triplé entre 2012 et 2017. Les rapports de sécurité de l’ASRS ont constaté 38 cas en 2019, soit près de dix fois plus qu’en 2018…
L’armée américaine brouille les signaux GPS pour développer ses propres défenses contre le… brouillage du GPS. La capacité à brouiller le GPS devenant chaque jour plus facile et moins chère, les militaires veulent développer des systèmes qui permettraient aux avions, aux drones et aux missiles de ne pas voir leur système de navigation perturbé.
Brouillage de drones et de missiles
Les Américains ne sont pas les seuls à tester différentes techniques d’attaques électroniques et notamment la capacité à leurrer un récepteur de navigation avec de mauvaises informations. Une étude du Center for Advanced Defense Studies (C4ADS), un centre d’analyse américain, avait recensé presque 10 000 cas d’usurpation (un appareil, utilisant une fréquence proche, « remplace » le satellite GPS) de la part des Russes, entre 2016 et 2018.
Pour la Russie, la guerre électronique fait partie de l’arsenal permettant de déstabiliser l’adversaire. Durant l’invasion de l’Irak en 2003, les Russes avaient réussi à perturber le système de navigation des missiles de croisière américains.
En Chine, de mystérieuses attaques ont perturbé le GPS de navires alors que les bateaux utilisant BeiDou (système de positionnement par satellites d’origine chinoise) n’auraient pas été affectés. En 2019, la base russe de Hmeimim, en Syrie, avait été accusée d’être indirectement à l’origine de la perte des signaux GPS constatée en Israël, ce qui affectait la circulation aérienne.
Enfin deux récents rapports de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) relèvent une augmentation du brouillage GPS, vraisemblablement par les forces russes ou pro-russes en Ukraine. « Au cours des deux derniers mois, 62,5 % des vols de drones à longue portée menés par la Mission spéciale d’observation en Ukraine (créée par l’OSCE, NDLR) ont rencontré des interférences avec le signal GPS », apprend-on dans le premier rapport.
Dans le second, publié le 9 avril, on apprend que de nombreuses missions d’observation ont dû être annulées à cause de brouillage du GPS.
Dans l'actualité
- Entre surveillance et protection de la vie privée
- Cyberpuissance : les pays montrent leurs muscles
- Haut débit par satellite : la piste aux étoiles
- Départ imminent pour Taranis, le microsatellite observateur d’orages
- EyeSat, un nanosatellite et une réussite technologique pour les stagiaires du CNES
- Quelques nouvelles de Galileo, le système de navigation européen
- Guerre en Ukraine : la cyberguerre redoutée, mais absente !
Dans les ressources documentaires
- Vers une certification continue des logiciels critiques en aéronautique
- Apprentissage artificiel et application en gestion du trafic aérien
- Traitement numérique du signal - Signaux déterministes
- Intégration du GPS avec les systèmes de navigation inertielle
- Télécommunications militaires navales embarquées