C'est l'un des phénomènes les plus mystérieux de notre époque : le syndrome d'effondrement des colonies, ce mal qui décime des colonies d'abeilles, ces pollinisateurs essentiels.
Aux États-Unis, un rapport rédigé par l’organisme Bee Informed Partnership a fait état d’une situation accablante : entre avril 2014 et avril 2015, 42% des colonies présentes là-bas sont mortes, laissant bon nombre de ruches vides. La chose est d’autant plus grave qu’elle n’est pas nouvelle et que, comme chaque année depuis 2006, ces pertes sans précédent sont jugées trop importantes pour être récupérées.
En cause, le syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles, ce « phénomène inexpliqué de mortalité anormale et récurrente des colonies d’abeilles domestiques » un peu partout dans le monde. On ne l’explique pas tout à fait, mais il pourrait être l’effet combiné de maladies, de la pollution (de la terre et de l’air), des pesticides (particulièrement les néonicotinoïdes qui auraient pour effet de désorienter les abeilles), des parasites (comme l’acarien Varroa Destructor), des variations climatiques, des mites tueuses se nourrissant des foetus d’abeille… La mite asiatique serait particulièrement meurtrière. Ce qui commence à faire beaucoup d’ennemis pour ces pollinisateurs fragiles.
La disparition subite et somme toute brutale des abeilles sauvages – il n’en reste plus que 20 000 dans le monde et 1 000 en France si les chiffres sont encore justes – a de quoi inquiéter. Différents états ont décidé de mettre en place des actions pour endiguer ce phénomène mais tous n’optent pas pour les mêmes réglementations. Ainsi, les États-Unis utilisent encore trois grandes classes de pesticides néonicotinoïdes alors que l’Europe les a interdits. En France, la ministre de l’écologie Ségolène Royal a présenté récemment en conseil des ministres un plan national nommé « France, terre de pollinisateurs » qui prévoit entre autres mesures l’installation de 5 000 « gîtes » à insectes, sur les bords de routes notamment, de promouvoir les bonnes pratiques, de faucher tardivement les 12 000 kilomètres du réseau routier appartenant encore à l’état, de retrouver une biodiversité suffisante pour permettre aux abeilles de se nourrir convenablement et garder de bonnes défenses immunitaires…
Qu’arriverait-il si l’abeille venait à disparaître complètement ? « L’homme n’aurait-il plus que quatre années à vivre ? ». À cette fameuse question que l’on attribue semble-t-il injustement à Einstein, point de réponse sûre, mais il est admis que le danger encouru est grand tant les abeilles jouent un rôle capital. Entre 70 et 80 % des plantes à fleurs seraient pollinisées par cet insecte. La quantité et la qualité des fruits produits en découlent également. La fin du monde évoquée ici et là paraît donc bien exagérée. En revanche, leur disparition induirait clairement de gros changements dans notre consommation et donc notre mode de vie ainsi que sur le coût de certains produits alimentaires. Enfin, si les intérêts sont avant tout écologiques, il ne faut pourtant pas oublier la dimension économique qui rentre indéniablement en jeu. L’INRA a estimé la valeur économique de la pollinisation des abeilles, dans le monde, à 153 milliards d’euros. De fait, leur disparition vertigineuse implique un manque a gagner non négligeable.
Par Sébastien Tribot
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