Le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), EDF, Naval Group et TechnicAtome, ont dévoilé mardi 17 septembre, Nuward, le projet de petit réacteur modulaire français (Small Modular Reactor ou SMR), en marge d’une conférence de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), à Vienne.
La technologie retenue est fondée sur celle des réacteurs à eau pressurisée (REP) qui équipent le parc actuel français. L’objectif des SMR (ce sont les initiales anglaises qui sont les plus utilisées) est de répondre aux besoins croissants en électricité décarbonée, dans le monde entier. C’est pourquoi ce REP devrait avoir une puissance comprise entre 300 et 400 MW, afin de pouvoir être intégré dans n’importe quel taille de réseau électrique, indique un communiqué de presse des quatre entités le 17 septembre. Loïc Rocard, PDG de TechnicAtome, et pilote de ce consortium français, a rappelé à Vienne que la solution développée reposera sur des REP de 340 MW, composés de deux réacteurs de 170 MW chacun, fonctionnant à l’image des réacteurs actuels du parc d’EDF (par deux), rapporte la Société française d’énergie nucléaire (SFEN).
Très en avance sur ce sujet, le Canada dispose d’une feuille de route visant à développer ces solutions pour des sites éloignés, voire isolés du réseau, notamment pour l’industrie minière.
C’est également un moyen de remplacer de nombreuses centrales au charbon, dont la puissance, par « module » est souvent de 400 MW, plus particulièrement pour les plus anciennes et donc les plus polluantes et émettrices de CO2.
L’expérience de la « team France »
Ce projet de SMR va bénéficier de 50 ans d’expérience et de l’équivalent de 2 000 années-réacteur de ses concepteurs, soit la durée cumulée de fonctionnement des réacteurs actuels du parc français, et des installations de recherche. Les porteurs du projet espèrent pouvoir proposer une offre commerciale pour la fin de la prochaine décennie.
Basé sur la technologie éprouvée de REP, Nuward sera une solution modulaire qui intégrera plusieurs innovations majeures, au bénéfice de l’opérateur et de la compétitivité du produit. Les concepteurs ont déclaré qu’il offrirait «la simplicité et la compacité d’une conception intégrée, la flexibilité dans les phases de construction et d’exploitation, ainsi qu’une approche innovante en matière de sécurité, conformément aux normes mondiales les plus strictes. »
Le CEA apportera « ses compétences en matière de conception de cœurs de réacteurs, de développement et de validation d’outils de calcul, d’analyses de sûreté, de qualification de systèmes et de composants en mettant à disposition ses installations de test pour des actions de R&D », insiste Christian Jacq, administrateur général du CEA.
EDF mettra à profit son expérience d’architecte-ensemblier et d’opérateur de tranches nucléaires.
Spécialiste des sous-marins et des porte-avions à propulsion nucléaire, Naval Group fournira son expertise en matière de structures nucléaires modulaires et petites. Hervé Guillou ajoute que « Naval Group est ainsi engagé dans les plus hauts standards de sécurité, de compétitivité et d’innovation dans le domaine nucléaire. Cette coopération est une belle opportunité et offre d’intéressantes synergies avec notre cœur de métier dans la propulsion nucléaire. »
Et TechnicAtome apportera son savoir-faire en matière de conception de réacteurs compacts, acquis grâce à la conception de plus d’une vingtaine de réacteurs nucléaires pour le parc de sous-marins français.
Nécessaire coopération internationale
Les quatre partenaires se sont déclarés ouverts, le 17 septembre, à la coopération internationale en matière d’harmonisation de la réglementation, de normalisation, de conception et d’optimisation. Jean-Bernard Lévy a rappelé, à Vienne, que « travailler sur l’harmonisation et la normalisation est aussi essentiel pour la viabilité des SMR. En effet, compte tenu de leur petite taille, ils ne peuvent pas être repensés pour chaque projet afin de répondre à la demande spécifique de chaque organisme de réglementation de chaque pays. La viabilité de l’analyse de rentabilisation des SMR réside dans la perspective d’une certaine harmonisation future. Le rythme auquel une telle harmonisation sera gérée déterminera la capacité de la première génération de SMR à faire partie de la transition énergétique. Je crois que le centre de Vienne de l’AIEA, qui délivre les normes de sécurité, est le meilleur endroit, selon moi, pour appeler à cette harmonisation ! », rapporte la SFEN.
Le CEA et EDF ont déjà entamé un dialogue avec Westinghouse Electric Company afin d’étudier une telle coopération pour développer des SMR, ont expliqué les quatre partenaires le 17 septembre. Le design du SMR de Westinghouse « intègre la seule technologie de « sûreté passive » en exploitation », signale un communiqué des parties prenantes, publié le 17 septembre également.
« Dans le cadre de cette coopération internationale, les parties s’engagent également à coopérer pour la standardisation de la réglementation et l’harmonisation des normes relatives au design, condition essentielle pour une mise en œuvre réussie de la technologie SMR, » ajoute le communiqué commun du CEA, d’EDF et de Westinghouse, qui présenteront une feuille de route détaillé du projet au début de l’année 2020.
Quelle est la taille de ce réacteur ?
Quand et où les premiers seront-ils opérationnels ?
Merci.
Réagissez à cet article
Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous et retrouvez plus tard tous vos commentaires dans votre espace personnel.
Inscrivez-vous !
Vous n'avez pas encore de compte ?
CRÉER UN COMPTE