L’Anthropocène est un terme popularisé à la fin du XXe siècle par le prix Nobel de chimie Paul Josef Crutzen et le Biologiste Eugene Stoermer pour désigner une nouvelle époque géologique succédant à l’Holocène, qui aurait débuté avec la révolution industrielle à la fin du XVIIIe siècle. En étudiant 16 marqueurs d’impact majeurs, causés notamment par l’accroissement de la consommation énergétique lié aux activités humaines, une équipe composée de 18 chercheurs du monde entier et appartenant à un groupe de travail sur l’Anthropocène propose une date assez précise et bien plus récente : 1950.
Une première mondiale
Jaia Syvitski, professeure émérite de l’université de Colorado Boulder et première auteure de la publication récemment parue dans Nature Communications Earth & Environment¹, l’affirme dans un communiqué de presse : « C’est la première fois que des scientifiques documentent l’empreinte géologique de l’humanité à une telle échelle, en une seule publication ».
Cette publication nous renseigne en effet sur les moteurs naturels des changements environnementaux depuis les derniers 11 700 ans, c’est-à-dire le début de l’Holocène. Cette étude d’envergure met clairement en évidence que les changements planétaires survenus depuis 70 ans sont directement liés aux activités humaines.
L’étude met en avant 16 facteurs, dont voici quelques exemples. Sur cette période de 70 ans, l’espèce humaine a :
- réalisé plus de 500 explosions thermonucléaires en surface, à cause d’essais nucléaires militaires, laissant une signature claire et durable de nos activités à travers l’émission de radionucléides ;
- doublé la quantité d’azote fixée, notamment à cause des productions industrielles pour l’agriculture ;
- formé un trou dans la couche d’ozone, à cause des rejets industriels de composés organiques chlorés (CFCs) ;
- relâché suffisamment de gaz à effet de serre par la combustion d’énergies fossiles pour créer un changement climatique ;
- créé de manière artificielle des dizaines de milliers de fois plus de composés minéraux différents qu’il n’en existe à l’état naturel sur terre.
L’étude précise néanmoins que ces facteurs de changements planétaires ne sont pas tous suffisants pour définir l’Anthropocène de manière géologique, mais ils le deviendront si les tendances actuelles se confirment.
Par ailleurs, ce qui est certain, c’est qu’il existe un facteur emblématique de notre impact sur la planète : nous avons tellement produit de plastiques depuis la moitié du XXe siècle que les particules microplastiques sont en train de devenir un marqueur clair et omniprésent de l’Anthropocène.
Jaia Syvitski ajoute : « Nous les humains, nous sommes mis tout seuls dans cette situation, nous devons travailler ensemble pour renverser ces tendances environnementales et nous en sortir. »
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