D’après le recensement de la plate-forme Cloudscene, 2 701 centres de données étaient implantés aux États-Unis au mois de septembre 2022. Le pays domine très largement le classement mondial puisque l’Allemagne arrive loin derrière avec 487 installations. Elle est suivie par le Royaume-Uni (456), la Chine (443) et le Canada (328). Avec 264 datacenters, la France se classe au 8e rang (207).
Mais comment répondre à la demande croissance des usages numériques sans dénaturer les périphériques des villes avec la construction de nouveaux datacenters ? Et comment réduire la facture énergétique de ces installations alors que la guerre en Ukraine entraîne une explosion des tarifs ?
Différentes solutions sont déployées ou testées par des hébergeurs français (datacenter immergé et placé sous un bâtiment) ou des géants de l’informatique comme Microsoft (datacenter sous-marin). Les options sont multiples.
Mais à part aménager un datacenter au milieu d’un désert, ces rouages essentiels au numérique doivent être au plus proche des besoins, c’est-à-dire des grandes agglomérations. Or la forte densité de la population entraîne une flambée du prix des terrains. Le foncier est devenu un critère déterminant dans la localisation d’un tel bâtiment.
Un datacenter à 30 mètres de profondeur
En partenariat avec Eccus, promoteur suisse de solutions de stockage et de production en souterrain, APL Data Center, société spécialisée dans le conseil, l’ingénierie et l’exploitation de datacenters, propose une solution alternative en France et Suisse : l’Eco-caverne.
Profitant de l’expertise d’Eccus en matière d’ingénierie dans les ouvrages souterrains à usage industriel, l’Eco-caverne offre la possibilité à une entreprise de créer ou compléter sa surface d’hébergement informatique sur un terrain déjà construit ou en zone saturée.
Parfaitement étanche, cette solution peut s’insérer à 30 mètres de profondeur sous des constructions existantes. La durée des travaux et d’installation des équipements est identique à celle d’un datacenter classique, soit environ 18 mois.
« Avec notre partenaire Eccus, nous avons travaillé pendant un an à la conception de datacenters qui soient exploitables par des entreprises ou des hébergeurs de données en colocation. Notre datacenter fonctionne comme les autres, avec des accès et des adductions dédoublés et une accessibilité facile grâce à deux monte-charge qui sont l’équivalent d’un conteneur maritime », explique Sébastien Ollier, Directeur BU Conseil & Ingénierie d’APL Data Center.
20 % moins cher qu’un datacenter traditionnel
D’un point de vue économique, cette solution présente des atouts intéressants. « Il y a actuellement une tension sur le foncier dans les villes à forte densité et les prix des parcelles deviennent très élevés. En creusant sous le bâtiment d’une entreprise par exemple, nous faisons des économies sur le coût du terrain. Par ailleurs, comme il s’agit d’une construction souterraine, les délais administratifs sont beaucoup plus courts, car l’empreinte visuelle et aérienne est plus faible », précise Sébastien Ollier.
Le coût global peut être inférieur de 20 % à un datacenter classique, car la méthode de construction d’Eccus a été optimisée pour être rapide et économique. Mais surtout, cette solution permet d’exploiter la chaleur produite par les serveurs et autres équipements informatiques.
Grâce au procédé dérivé des gares de métros, l’Eco-caverne peut être réalisée en milieu urbain ou périurbain, ce qui favorise la récupération et la valorisation de la chaleur des équipements présents dans les datacenters pour alimenter toutes sortes d’infrastructures situées directement au-dessus de l’installation.
Les deux partenariats ont donc développé des techniques afin de réutiliser la dissipation de la chaleur des équipements pour la restituer à un réseau à proximité ou au maximum à 100 mètres. Par exemple, un datacenter d’une taille de 2 000 m² est capable de fournir 22 GWh/an, soit les besoins en chaleur de 2 000 appartements.
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