Le Web3 sera-t-il le premier buzz word de 2022 ? Comme tous les ans, des concepts ou des technologies censés révolutionner notre vie de tous les jours ou des usages professionnels font leur apparition.
Avec le Web3, il s’agirait d’adapter le World Wide Web inventé en 1989 par Tim Berners-Lee aux nouvelles exigences des internautes, à savoir plus de respect de la vie privée et moins de GAFAM. Une partie plus ou moins importante du business model des GAFAM repose sur l’exploitation de nos données à caractère personnel (Facebook et Google en particulier).
Le terme Web3 a été utilisé pour la première fois en 2014 par le Britannique Gavin Wood, le cofondateur de la cryptomonnaie Ethereum, et popularisé dans un article publié dans Wired en novembre 2021 : « The Father of Web3 Wants You to Trust Less ».
Au départ, le Web était décentralisé
Il a ensuite créé la Web3 Foundation. L’ambition de cette fondation ? « Financer les équipes de recherche et de développement qui construisent les bases du Web décentralisé », peut-on lire sur le site de la fondation.
En fait, ce terme existe depuis bien plus longtemps comme nous l’a précisé Stéphane Bortzmeyer : « Le domaine Web3.fr a été déposé en 2005 ». Pour ce spécialiste en réseau, qui connaît très bien les moindres rouages de l’Internet, le problème est que les personnes qui défendent ce concept donnent une définition en perpétuelle évolution.
En l’absence de définition claire et consensuelle, précisons qu’il ne faut pas confondre le Web3 avec le Web 3.0. Appelé aussi « Web sémantique », le Web 3.0 serait doué d’intelligence artificielle afin de rendre le contenu des ressources du World Wide Web accessible et utilisable par les programmes et agents logiciels.
S’il est difficile d’avoir un avis tranché sur le Web3, il est néanmoins possible de constater que plusieurs objectifs avancés par ses défenseurs existent déjà ! « Le Web a toujours été décentralisé et il existe déjà des alternatives aux GAFAM, mais elles ne sont jamais estampillées « Web3 » ! Concernant la protection de la vie privée, tout le monde n’a pas un compte Gmail et les internautes ne communiquent pas uniquement via Facebook. Si on veut publier des articles, on peut très bien créer son propre site sous WordPress comme on le faisait dans les années 90. Quant aux réseaux sociaux, il en existe déjà qui sont décentralisés : Mastodon, Fédivers… », précise Stéphane Bortzmeyer.
Concept marketing ?
Cette décentralisation du Web existait avant la mainmise des GAFAM et d’autres plateformes mondiales. Mais les partisans du Web3 n’appellent pas à revenir à ce concept originel. Ces derniers proposent de développer de nouvelles solutions reposant notamment sur la blockchain.
Pour Stéphane Bortzmeyer, ce concept est utilisé dans « un contexte uniquement commercial pour attirer des investisseurs » : « Je n’ai jamais entendu parler de ce terme pour évoquer les réseaux sociaux décentralisés ou les outils alternatifs aux GAFAM. Mettre en avant la défense de la vie privée devient un argument marketing ».
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