Evidemment, si on demande aux amoureux de voile quelle est l’innovation qui les a le plus marqué ces dix dernières années, l’immense majorité d’entre eux répondront les foils. Ces appendices situés de part et d’autre de la coque des voiliers, ont pour rôle de soulever ce dernier, afin de limiter sa traînée hydrodynamique et ainsi augmenter sa vitesse. Les foils sont constitués de fibres de carbone entremêlées en 3D, une technique dérivée de l’aéronautique. Si au début, l’usage des foils s’est accompagné de nombreuses casses, les modèles actuels résistent mieux aux contraintes de navigation. Cependant, ils restent très fragiles en cas de collisions avec des animaux marins ou des OFNI (objets flottants non identifiés).
En ce qui concerne les autres parties des Imoca, la coque est généralement conçue en matériau composite carbone, obtenu par moulage de couches de fibres de carbone pré-imprégnées de polyester.
La quille du bateau est composée de métal pour l’alourdir. Elle est reliée à la coque du bateau par ce que l’on appelle un voile de quille, qui mesure plusieurs mètres, et qui est constitué d’acier ou de fer forgé en lame de couteau ou en tôle ployée ou soudée. Cette partie très importante pour la solidité de la jonction entre la quille et la coque peut également être fabriquée en fibres de carbone.
Enfin, les voiles du bateau – qui peuvent être au nombre de huit sur chaque Imoca – sont tissées en fibres artificielles – le plus souvent du kevlar ou du PET, voire même des fibres de carbone – et sont créées sur mesure pour chaque bateau, en fonction de la modélisation des forces appliquées sur le mât.
Des incitations à l’utilisation de matériaux recyclés
Pour cette édition 2024 du Vendée Globe, les skippers ont milité – et ont voté – pour mettre en place une règle leur permettant d’expérimenter sur leurs Imoca de nouveaux matériaux. Le but, sortir du tout carbone et donner la possibilité aux constructeurs de tester des fibres alternatives : lin, chanvre, ou encore carbone recyclé, mais aussi des bio-résines ou des thermoplastiques.
Même si la quantité de pièces en matériaux innovants embarquées sur les bateaux est aujourd’hui limitée en poids – 100 kg -, la direction de course déduit ce dernier du poids total de la jauge de l’Imoca, pour ajouter un côté incitatif, même si l’avantage concurrentiel reste faible.
Armel Tripon, qui a participé au Vendée Globe en 2020 mais qui n’est pas concurrent sur cette édition, prépare un Imoca pour le prochain Vendée Globe (en 2028) qui sera fabriqué en grande partie à partir de carbone déclassé pour l’aéronautique, notamment des chutes de fibre de carbone provenant d’Airbus Nantes. Le titane, lui, a été prélevé sur des produits médicaux dans les hôpitaux, pour être également recyclé.
L’innovation est aussi présente au niveau des voiles. 14 des 40 bateaux au départ cette année sont équipés de voiles ultra-légères fabriquées par une entreprise rochelaise. Incidence Sails, c’est son nom, a développé des voiles extrêmement légères grâce à une technologie de membrane filamentaire, en composite souple, constituée de différentes fibres : de l’aramide, du dyneema, mais aussi des résines. Le tout pour un poids de 80 kg, contre 150 auparavant.
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