Le Syndicat des énergies renouvelables (SER) juge la dynamique du développement des énergies renouvelables en France satisfaisante, mais appelle à une sérieuse accélération, notamment pour la chaleur renouvelable si le pays entend remplir les objectifs fixés dans la Programmation pluriannuelle des investissements (PPE). Une PPE qui est attendue de pied ferme par les professionnels du secteur, rappelle le SER.
Jean-Louis Bal, le président du SER, n’y est pas allé par quatre chemin mardi dernier, en présentant les priorités de la profession des énergies renouvelables. Le SER juge que la PPE doit « être adoptée rapidement » et « doit redonner des perspectives aux filières oubliées, comme la géothermie électrique, l’hydrolien et la cogénération-bois ».
Urgence sur la chaleur renouvelable
C’est côté chaleur que le SER estime qu’il y a urgence à mettre en place « un plan d’accélération » car « nous sommes largement en-deçà de la trajectoire » permettant d’atteindre l’objectif qu’a fixé la loi de transition énergétique pour une croissance verte (LTECV) de 2015, insiste Jean-Louis Bal. Même si sur 2017 et 2018, la filière chaleur renouvelable a ajouté 1% par an, portant à 19,9% la part de cette énergie dans la consommation finale de chaleur, l’objectif fixé par la LTECV est de 38% en 2030 et celui de l’engagement européen est de 33% en 2020… Autant dire que le compte n’y est pas, à ce rythme, martèle le président du SER.
Le SER propose ainsi d’accompagner le développement de la chaleur renouvelable via une refonte du CITE (Crédit d’impôt pour la transition énergétique), car 60% des projets se sont développés grâce à ce mécanisme qui est modifié à compter du 1er janvier prochain. Il faut « éviter un trou d’air », insiste Jean-Louis Bal. Il faut donc que ceux qui lancent des projets avant la fin de l’année 2019 continuent de bénéficier du CITE tel qu’il existe estime-t-il. Une autre proposition vise à augmenter les moyens de l’Anah (Agence nationale de l’habitat), alors même qu’elle enregistre une baisse de ses dotations. Et il faut que les inserts et foyers fermés dans les « primo-acquisitions » puissent bénéficier du CITE, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Sans oublier d’aligner les montants de la prime de la bûche sur ceux du granulé.
En outre, il y a urgence à mobiliser le fonds chaleur dont, certes, le budget sera porté à 350 millions d’euros en 2020 contre 298 M€ en 2019, qui seront dépensés, mais qui ne « porte pas encore ses fruits » auprès des entreprises et de l’agriculture, qui misent sur une baisse des prix des combustibles fossiles. Notamment à cause du coup d’arrêt mis à la contribution climat (ou taxe CO2), dont le SER juge qu’il faut lui redonner rapidement une trajectoire et une existence en la rendant acceptable par la population. Le fait que cette contribution soit suspendue au résultat de la « convention citoyenne pour le climat » fait courir un risque, estime le SER.
Enfin, pêle-mêle, le SER appelle à des mesures pour exploiter mieux le potentiel géothermique français, notamment en mettant en œuvre une exploration des aquifères profonds, et en dotant chaque région d’un animateur spécialiste de la question. Enfin, le syndicat souligne la nécessité de poursuivre le soutien aux grandes installations solaires thermiques, via la poursuite des appels d’offres de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie).
Les filières électriques
Côté filières électriques renouvelables, Jean-Louis Bal constate que sur les années passées, la progression du solaire photovoltaïque atteint environ 1 GWc par an, et avec les résultats des appels d’offres de la Commission de régulation de l’énergie, ce chiffre devrait atteindre en 2021, 2 GWc par an. « Ce qui est encore insuffisant pour tenir l’objectif de la PPE » (20,6 GWc en 2023 et entre 35,6 et 44,5 GWc en 2028) car il faudrait installer 4 GWc par an, insiste Bal.
La récente loi énergie-climat facilite le développement du PV en mettant un seuil minimal de 30% sur les toitures des entrepôts, supermarchés et ombrières de parking, mais le SER juge nécessaire d’aller plus loin pour faciliter l’émergence de nouveaux projets. Jean-Louis Bal indique ainsi que la taille de certains projets n’est pas adaptée aux appels d’offres actuels, appelant à « instaurer un guichet ouvert pour les installations de moins de 500 kWc », une disposition permise par « l’encadrement des aides d’Etat au niveau européen ».
Par ailleurs, pour les centrales de grande puissance, il est nécessaire de poursuivre les efforts afin de faciliter l’accès au foncier, et notamment auprès des grands maîtres d’ouvrage publics, tels que l’armée, etc. Enfin, le SER rappelle l’obligation d’élargir le marché de l’autoconsommation collective.
Pour l’éolien terrestre, l’évolution de la puissance raccordée va dans le sens de la PPE (qui prévoit 2 GW raccordés par an), et le SER juge qu’il faut poursuivre les mesures de simplification entreprises, afin de raccourcir les délais de développement. En revanche, pour l’éolien offshore, il faut « aller au-delà des déclarations ». Le président du SER a rappelé que « pour 2021 et 2022, il n’y a aucun projet identifié » dans la PPE actuelle. Or pour assurer la rentabilité des usines en chantier, il faut de la visibilité. « C’est possible, il y a un potentiel suffisant, mais la planification doit démarrer sans tarder », a insisté Jean-Louis Bal.
Un gigawatt, dès 2020, et chaque année jusqu’en 2024 doit être affirmé, pour éviter un trou d’air pour les volumes d’éolien en mer posé. Le projet de PPE a été présenté avant Dunkerque, a ajouté Jean-Louis Bal. Or, Dunkerque montre que l’argument « c’est cher ne tient plus ». Il faut donc combler ce trou d’air potentiel.
En revanche, côté hydrolien, le président du SER a constaté que cette source d’énergie faisait partie des « filières oubliées » et « encore maltraitées », alors même qu’il y a quelques PME qui continuent en France et qui font de réels progrès (Sabella et Hydroquest, pour ne citer qu’elles !). C’est pourquoi le SER juge qu’il faut mettre en place les conditions nécessaires pour engager la phase de démonstration industrielle, et faire qu’en 2023, lors de la révision de la PPE, il puisse y avoir des appels d’offres ad hoc.
Enfin, le président du SER juge qu’il faudrait se pencher sur la géothermie électrique, qui constitue en outre une opportunité pour la production d’une filière française de production de lithium, terre rare largement utilisée pour les batteries. En effet, explique-t-il, le lithium est présent dans les eaux profondes géothermiques et pourrait en être extrait.
Si les graves défauts de l’éolien étaient mis sur la place publique, la grande majorité des Français y seraient opposés. Il suffit en effet de savoir qu’il est aléatoirement intermittent, que l’effet de foisonnement censé lisser les variations brutales est une fable réfutée par les mesures, que sa part de production dans le mix énergétique en 2018 est marginale (5,1%), que son facteur de charge est faible (20%), qu’il a de graves impacts sanitaires (infrasons, effet stroboscopique notamment), qu’il massacre la biodiversité ailée, qu’il dénature nos paysages, ce qui a un impact négatif sur le tourisme, donc sur l’emploi, qu’il a une forte emprise au sol car sa densité énergétique est très faible, et que son bilan carbone (en supposant que le CO2, nécessaire à la photosynthèse, donc à toute la chaîne de la vie sur Terre, ait une action mesurable sur la température) est catastrophique, car il faut en soutien permanent des centrales thermiques de même puissance totale pour équilibrer le réseau de transport et éviter son effondrement… Sans parler du prix du kWh qui continue à déraper, donc cela augmente la précarité énergétique, laquelle va augmenter exponentiellement dès que les usines éoliennes en mer se développeront et cela réduit la compétitivité de nos entreprises, ce qui supprime de l’emploi salarié. En outre chaque éolienne utilise 200 kg de terres rares (indium, néodyme, …) produites en Chine dans des conditions environnementales épouvantables, et l’on ne sait pas recycler les immenses pales en fibre de verre/fibre de carbone, ce dont les promoteurs de gardent bien de faire état. Faire pire semble difficile… Bref, l’éolien ne présente aucun intérêt, si ce n’est d’offrir aux promoteurs, qui ont flairé la très bonne affaire, des avantages déraisonnables octroyés par des Pouvoirs Publics incapables de faire les bons choix, et ce sont les ménages et les entreprises qui en payent le prix de plus en plus douloureux.
Oui, oui, il faut accélérer, car nous voulons encore plus de bénéfices juteux à la charge des ménages et des entreprises. Et tant pis si cela massacre oiseaux et chauves-souris, tant pis si cela détruit les campagnes et l’environnement, tant pis si cela réduit le pouvoir d’achat des ménages et la compétitivité des entreprises, donc détruit de l’emploi salarié, tant pis si cela génère de terribles black-out à cause de la difficulté de gestion temps réel de l’intermittence, ce qui compte, c’est notre pognon. Peu nous importent les dommages collatéraux.
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