Le sommet mondial pour l’action sur l’intelligence artificielle (IA) a réuni experts et décideurs du monde entier les 10 et 11 février 2025 au Grand Palais, à Paris. Des investissements importants ont été annoncés. Mais la position ferme des États-Unis, en particulier contre les excès des régulations, a entaché ce rendez-vous.
Le marché de l’IA générative a doublé de taille en 2024 et devrait atteindre, voire dépasser, les 100 milliards de dollars en 2028 selon une étude publiée début février par Sopra Steria Next, cabinet de conseil de Sopra Steria.
L’IA est devenue incontournable. Mais face aux États-Unis et la Chine, la France (mais aussi l’Europe) doit préserver son autonomie sous peine de devenir dépendante. Ce qui est déjà le cas avec les GAFAM.
Dans ce contexte, le sommet de l’IA apparaissait comme une étape majeure pour redéfinir les règles et les enjeux. Le vieux continent ne veut pas rater le train de l’IA.
« Nous avons le meilleur écosystème en Europe », a affirmé Emmanuel Macron, en clôture de la première journée de cet événement. Le Président de la République a promis une accélération des procédures, notamment pour l’installation de datacenters nécessaires au fonctionnement des modèles d’IA.
Autre annonce choc, un investissement de 300 milliards de dollars dans l’IA, montrant principalement que la France et l’Europe sont prêtes à rivaliser avec les États-Unis et la Chine.
Mais derrière les sourires et ces annonces, le bilan est moins positif que lors des précédentes réunions de Bletchley au Royaume-Uni en 2023 et de Séoul (l’an passé) qui avaient permis de parvenir à quelques accords (même prudents), en particulier sur la sécurité des données.
Pour se démarquer, le sommet de l’IA de Paris s’est focalisé sur des questions immédiates telles que l’innovation, l’emploi et le bien public [pour dénoncer indirectement des monopoles de l’IA]. La déclaration finale a d’ailleurs appelé à « éviter la concentration du marché ».
La problématique de la sécurité des données n’a cependant pas été écartée. Mais la déclaration finale s’est contentée de « prendre note » des engagements volontaires en matière de sécurité de l’IA, une nuance du langage diplomatique…
Deux grands absents qui ont fait parler d’eux
Ce qui a été moins diplomatique a été la position ferme des États-Unis qui n’ont pas signé cette déclaration. La raison ? Une « régulation excessive » de l’UE selon JD Vance. Dans son discours, le vice-président américain a clairement indiqué que les États-Unis n’allaient pas être freinés dans le développement de la technologie par une réglementation mondiale ou par une attention excessive portée à la protection des données.
Ce sommet n’a pas non plus réussi à fédérer tous les acteurs mondiaux à cause de la rivalité sino-américaine. Emmanuel Macron voulait travailler avec tout le monde sur l’IA, y compris la Chine. Mais lors d’un dîner, JD Vance a quitté la salle dès l’intervention du vice-premier ministre chinois, Zhang Guoqing. M. Vance a mis en garde contre toute coopération avec des régimes « autoritaires » comme la… Chine.
De son côté, le vice-premier ministre chinois a déclaré que son pays était disposé à travailler avec d’autres pour préserver la sécurité et partager les réalisations dans le domaine de l’IA afin de construire « une communauté avec un avenir commun pour l’humanité ».
Absente à ce sommet, la start-up DeepSeek était pourtant sur toutes les lèvres, car elle rebat un peu les cartes et ébranle l’hégémonie américaine menée par OpenAI, Google…
Le modèle de DeepSeek représente une opportunité pour les acteurs européens de construire des modèles plus économes et frugaux. La piste explorée par les Chinois est en effet intéressante. Cette piste s’appelle la distillation de modèles. C’est une technique d’optimisation en intelligence artificielle qui permet de réduire la taille et la complexité d’un modèle tout en conservant ses performances.
Absent également à Paris, Elon Musk a également fait beaucoup parler de lui. Un consortium dirigé par l’homme le plus riche de la planète a lancé une offre de près de 100 milliards de dollars pour l’organisation à but non lucratif qui contrôle OpenAI.
Le patron d’OpenAI, monsieur Altman a déclaré que « l’entreprise n’est pas à vendre » et a répété une contre-offre en forme de clin d’œil : « Nous sommes heureux d’acheter Twitter ».
L’idée de casser les monopoles de l’IA est encore loin de devenir une réalité…
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