Le coût du kWh issu de panneaux solaires photovoltaïques sera de seulement 4,3 centimes dans le sud de l’Europe en 2030. C’est la conclusion d’une étude de l’institut Fraunhofer, organisme avec lequel François Hollande propose de collaborer pour créer une entreprise franco-allemande géante de production de panneaux PV, un « airbus » du photovoltaïque.
Dans le sud de l’Allemagne, le petit PV en toiture permet dès à présent de délivrer un kWh à 8 centimes, et c’est encore plus économique avec le grand PV au sol. Dans le nord du pays, le coût est de 14 centimes du fait du plus faible ensoleillement annuel, ce qui reste néanmoins très inférieur au prix de l’électricité pour les particuliers outre-Rhin (29 centimes le kWh). Le coût moyen du PV à l’échelle du pays est de l’ordre de 11 centimes le kWh, c’est-à-dire exactement le tarif d’achat demandé par EDF en Grande-Bretagne pour le nucléaire EPR.
Le photovoltaïque sera moins coûteux que le charbon
Le LOEC (Levelised Cost of Energy) des centrales fonctionnant au lignite est aujourd’hui de 5 centimes par kWh en Allemagne, celui des centrales au charbon de 8 centimes et celui des centrales à gaz combiné peut monter jusqu’à 9.8 centimes.
La hausse du prix des combustibles fossiles dans les décennies à venir étant inévitable du fait de la hausse de la demande énergétique mondiale, un énorme boulevard s’ouvre pour la croissance des petites unités de production renouvelables décentralisées qui sont fortement désirées par la population allemande.
Dans le cadre de la nouvelle loi en matière d’ENR, dite Loi « EEG 2.0 », par soucis de rationalité économique, l’Allemagne va fixer un tarif unique d’achat pour l’ensemble des filières renouvelables, de 12 centimes en 2015, qui passera à 9 centimes quelques années plus tard. L’éolien terrestre et le photovoltaïque, deux filières dont le potentiel technique est immense, seront les grands gagnants de ce nouveau cadre réglementaire.
Le solaire CSP est et restera plus coûteux que le solaire PV
Selon l’institut Frauhofer, le coût du KWh provenant des centrales solaires à concentration thermodynamique (CSP, Concentrated Solar Power), une technologie différente du photovoltaïque et prônée notamment par le think Tank Desertec, restera relativement élevé en 2030, compris entre 9 et 11,5 centimes dans l’hypothèse d’une insolation normale directe de 2000 KWh par mètre-carré et par an (contre 14 à 19,5 centimes aujourd’hui). C’est-à-dire 2 à 3 fois plus coûteux que le petit solaire PV à cette date.
Une opportunité pour l’ensemble des pays qui jouissent d’un bon gisement solaire
Ce qui est valable dans la moitié sud de l’Europe l’est aussi en Australie, au Moyen-Orient, dans l’ouest des USA, en Afrique et en Amérique latine affirment les experts du Fraunhofer.
Alors que le charbon attire aujourd’hui fortement les pays dits « du sud » du fait de son attractivité économique, l’émergence d’un solaire PV de plus en plus bon marché offre un formidable espoir dans la perspective d’une libération progressive de l’humanité de sa dépendance envers les énergies sales sans compromette son développement économique.
La perspective d’un coût aussi bas du photovoltaïque permet d’envisager une réduction progressive des émissions de gaz à effet de serre, uniquement en laissant faire le marché. Et ceci même si les différents pays du monde ne parvenaient pas à se mettre d’accord sur des objectifs contraignants des volumes d’émissions, ce qui a été le cas lors de tous les sommets internationaux sur le climat jusqu’à présent.
La France parviendra-t-elle à rattraper son retard ?
Même si le projet souhaité par François Hollande se réalisait, projet d’alliance franco-allemande pour construire une grande usine de production de matériel photovoltaïque, nul ne peut prévoir si cela sera suffisant pour devenir compétitif face à la très puissante industrie chinoise. Il était dans tous les cas grands temps de réagir car le marché qui s’ouvre aux gagnants de cette course est colossal.
Selon une étude prospective du groupe pétrolier Shell, le solaire photovoltaïque sera la 4ème source d’énergie primaire du monde en 2040, derrière le charbon le pétrole et le gaz mais devant l’éolien, l’hydraulique, les agrocarburants, la gazification de la biomasse, la valorisation des déchets, la géothermie et le nucléaire. Et il deviendra la première source d’énergie en 2100.
Par Olivier Daniélo
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