Instantanés Techniques : De quelle façon ERDF appréhende-t-elle les challenges liés à l’évolution nécessaire du réseau électrique ?
Pierre Mallet : Les smart grid sont issus de deux évolutions : il y a d’abord une attente sociétale en matière de transition vers une économie moins carbonée. Ensuite, les évolutions dans le domaine de l’informatique et des télécoms, qui peuvent transformer très profondément les métiers liés à la distribution d’électricité. Ces deux champs de force se conjuguent pour aboutir à cette évolution majeure qu’est le développement des smart grid.
Quells vont être les principales évolutions ?
Aujourd’hui, on a un système de centrales de puissance élevée qui débitent sur le réseau de RTE, qui vont ensuite alimenter les réseaux d’ERDF… À l’avenir, le système sera beaucoup plus complexe, avec une production décentralisée, une gestion de la demande, des véhicules électriques, du stockage, et donc des flux dans le système qui vont varier en fonction des décisions des acteurs de ce système.
Plus concrètement ?
Il y a plusieurs composantes dans les réseaux intelligents. Tout d’abord, la gestion intelligente des actifs : nous allons mettre des capteurs sur les composants du réseau, afin de les observer et appréhender les signes indiquant la possibilité d’une panne par exemple. Il s’agit d’une révolution en termes de proactivité, qui permettra une plus grande efficacité au niveau de la maintenance et du renouvellement du réseau et de ses composants.
Parlez-nous des réseaux auto-cicatrisants.
Il s’agit en fait d’une exploitation plus intelligente des réseaux : après un incident, les réseaux auto-cicatrisants se reconfigurent de manière automatique pour réduire au maximum la zone du réseau impactée par le défaut. Cela ne veut pas dire que le réseau ne sera pas affecté, mais il le sera dans des proportions les plus limitées possibles.
Qu’est ce que le projet LINKY ?
Le projet Linky a pour premier objectif de mettre en place un système de comptage intelligent , avec l’installation généralisée de 35 millions de compteurs communiquants, qui offrent des avantages multiples. Par exemple, cela évite de faire des relevés à domicile, qui encore aujourd’hui obligent les consommateurs à être présents chez eux deux fois par an lors des relevés. Linky permettra d’offrir de nouveaux services à nos clients, comme la facturation sur index réel et non sur consommation estimée. Ce service permet notamment au client de mieux maîtriser sa demande car la facture reflète alors fidèlement l’évolution de ses équipements et de son comportement. Enfin, le projet va également permettre un équilibre offre/demande plus intelligent et plus local. Il y a 700 000 postes de transformation haute/basse tension en France, qui ne communiquent pas. Linky va permettre de les relier et de les faire communiquer.
Il s’agit également de moderniser le réseau.
Linky va effectivement permettre de moderniser le réseau : par exemple, les capteurs mis en place vont nous permettre de communiquer avec le réseau pour évaluer à quel niveau des investissements sont nécessaires pour améliorer son rendement global. Aujourd’hui, quand il y a une panne sur le réseau basse tension, nous ne le savons pas avant que le client nous appelle. Avec Linky, on va pouvoir être informé des pannes, de leur étendue et de leur raison, cela modernise la gestion du réseau.
Parlez-nous du projet européen d’ERDF sur les smart grid…
Le projet s’appelle « GRID 4 EU ». Il n’a pas encore été complètement validé par l’Union Européenne, mais cela est en bonne voie. Ce projet GRID 4 EU est un projet phare de l’UE en matière de smart grid. Il s’agit d’un projet qui réunit un consortium de 28 acteurs de l’énergie, dont ERDF est le leader. Six démonstrateurs doivent être réalisés, dont un en France, dans l’agglomération de Nice. Il sera centré sur des questions d’insertion du photovoltaïque dans le réseau. Bien sûr, les autres démonstrateurs vont servir à expérimenter d’autres problématiques liées aux smart grid, il n’y a pas de projets redondants, mais des préoccupations communes : production décentralisée, gestion active de la demande, véhicules électriques, stockage. Ces projets ont une durée de quatre ans à partir de la signature du contrat.
Qu’en est-il des appels à manifestation d’intérêt pilotés par l’ADEME ?
En ce qui concerne les appels à manifestation d’intérêts de l’ADEME, nous attendons les décisions des pouvoirs publics sur les projets. ERDF en a soumis trois. Nous avons été très motivés par cette démarche et nous nous sommes impliqués avec beaucoup de volontarisme. Après, comme je vous l’ai dit, nous attendons les décisions, qui devraient être connues d’ici peu.
Propos recueillis par Pierre Thouverez
Cet article se trouve dans le dossier :
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