Que l’on puisse poser sa carte bancaire sur un écran et même une image, et acheter aussitôt un produit ou un service, voici qui devrait plaire aux publicitaires et aux commerçants. La société Think&Go en fait le pari : située dans les Bouches-du-Rhône, cette start-up française a conçu un écran «connecté» qui sert de borne de paiement sans contact à l’aide de lecteurs NFC (Near Field Communication) incorporés.
Typiquement, cet écran, présenté au dernier CES de Las Vegas, pourrait être posé dans une galerie marchande et relaierait les promos «flash» lancées par les boutiques avoisinantes. Le flâneur-consommateur, appâté, n’aurait plus qu’à dégainer sa CB ou son smartphone pour s’adjuger la bonne affaire, avant d’aller chercher son bien à quelques pas de là. D’autres terres d’accueil sont envisageables. «Notre premier écran été mis en service fin 2015 dans une agence bancaire de la BNP, place de l’Opéra à Paris, explique Vincent Berge, PDG de Think&Go. Il suffit de poser sa carte bancaire à l’endroit indiqué pour effectuer un don de 5 € à une œuvre caritative.» Une opération similaire avait été aperçue l’an dernier à la gare Montparnasse, à l’initiative de la régie Mediagares et de l’institut Curie. Elle visait à faciliter la collecte de fonds au profit de la recherche contre le cancer.
Un travail de précision
Think&Go n’en est pas à son coup d’essai. La société s’était déjà illustré en 2014 avec un écran capable d’interagir avec des objets connectés, du smartphone au passeport, pour offrir des coupons de réduction notamment. Quelque 150 de ces écrans auraient été vendus à travers le monde. L’ingénierie au cœur du projet n’est pas une partie de plaisir et le cas de l’écran dédié au paiement se révèle plus contraignant encore. «Nous avons travaillé pendant 6 mois avec Ingenico (un des principaux leaders des solutions de paiement, NDLR) pour intégrer des lecteurs de paiement NFC à une dalle LCD, détaille Vincent Berge. Une fois l’écran ouvert, nous posons entre 1 et 10 lecteurs, selon la demande du client. La manipulation est complexe car un lecteur de paiement NFC est beaucoup plus épais et sensible qu’une simple antenne NFC. Ces lecteurs doivent être suffisamment proches de la vitre pour que le champ NFC ne soit pas rompu, mais pas trop non plus, faute de quoi les antennes pourraient être «grillées» par un téléphone. La dalle est ensuite refermée. En dehors du positionnement des lecteurs, l’intégration PC est importante. Derrière chaque écran, il y a en effet un ordinateur qui relie les lecteurs à un serveur et qui permet d’avoir un suivi d’activité des lecteurs. Les antennes doivent également être accordées en fonction de l’environnement.»
La méthode reste artisanale et synonyme de nombreux essais, voire d’échecs. «Nous avons cassé plus de 30 écrans, poursuit Vincent Berge. Nous avons suivi plusieurs pistes, rencontré plusieurs impasses. Nous en sommes à la 4e génération d’écrans et nous travaillons sur la 5e et 6e génération.» Entretemps, Think&Go a encore fait parler d’elle au Mobile World Congress de Barcelone, où elle présentait un dispositif de paiement comparable, mais sur tablette cette fois. La finalité, elle, ne change pas : faciliter l’achat d’impulsion. «C’est l’invention d’un nouveau canal de vente, la transposition dans l’espace public de mécanismes vu sur le web» précise Vincent Berge. La partie n’est pas gagnée car le paiement sans contact, s’il gagne en notoriété, est encore méconnu du grand public. D’autre part, les failles de sécurité liées au NFC ne devraient pas rassurer les consommateurs les plus prudents.
Frédéric Monflier
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