L’industrie textile a toujours été une grande consommatrice d’eau. Les procédés, notamment l’ennoblissement, nécessaires pour obtenir la coloration, l’aspect ou les propriétés des tissus sont très gourmands en eau, et nécessitent la plupart du temps de chauffer cette eau, ce qui ajoute à l’équation une composante énergétique.
De plus, la culture du coton, matière première de l’industrie textile, est également très exigeante en eau.
Le secteur innove donc sur tous les facteurs de production pour limiter la consommation d’eau, ce qui est à la fois une nécessité écologique et aussi économique, au vu de la raréfaction de la ressource eau.
Ainsi, de plus en plus d’usines recyclent leurs eaux usées, qui correspondent, selon l’activité, à des volumes s’étalant entre 80 et 150 litres d’eau pour un kilo de tissu fabriqué. Les eaux usées issues de l’activité textile sont très concentrées en réactifs chimiques, souvent non biodégradables et persistants. L’objectif va donc être de débarrasser les eaux usées de leurs composants organiques et des couleurs. De nombreuses entreprises textiles optent aujourd’hui pour des stations d’épuration dites décentralisées, ce qui leur permet d’être autonomes dans le traitement si spécifique de leurs eaux, d’économiser les coûts de transport, et de réutiliser les eaux recyclées, avec à la clé des économies d’eau très importantes.
Pour faciliter la décontamination des eaux usées, de gros efforts sont faits pour utiliser des colorants plus “propres”, c’est-à-dire chimiquement moins polluants et plus faciles à traiter à posteriori. C’est par exemple le cas des teintures dont le taux de liqueur est de plus en plus faible, ce qui permet de réaliser des économies d’eau importantes.
Ensuite, un autre aspect de l’innovation autour des usages de l’eau dans le textile concerne l’énergie utilisée pour chauffer l’eau utilisée pour les processus de teinturerie ou autres. Le développement de chaudière à haute performance énergétique, utilisables à la demande, permet de mieux calibrer les consommations d’eau, ainsi que de réduire les émissions liées à l’activité de teinturerie.
Toujours sur l’aspect teinture, la teinture au CO2 est un exemple de développement de procédés sans eau, où du CO2 supercritique est employé comme support de teinture. Résultat, une économie d’eau de 100% et un bilan environnemental drastiquement réduit.
Evidemment, le recyclage des matières textiles est une solution très efficace pour économiser l’eau. Le recyclage des déchets textiles est de plus en plus répandu, les entreprises cherchant à développer une économie circulaire, synonyme d’économies en eau, en énergie et en procédés (teinturerie, finissage, lavage…), grâce à la réutilisation de fibres déjà teintes.
Les déchets récupérés subissent un déchiquetage, puis sont directement refilés, éliminant ainsi le procédé de teinture, et permettant de fabriquer des textiles composés pour tout ou en partie de matériaux recyclés.
Autre facteur de performance environnementale, l’impression. Les technologies d’impression numérique innovantes permettent aujourd’hui de colorer des tissus de manière durable et profonde, sans effets sur le toucher, et surtout sans utiliser d’eau. Aussi, ces technologies de plus en plus précises participent à économiser les tissus en imprimant à la demande et sur mesure.
Enfin, citons également le choix de la matière première comme élément central dans la capacité des industriels du textile à économiser l’eau. La culture du coton est relativement vorace en eau, et de nombreuses entreprises travaillent aujourd’hui à l’amélioration des techniques agricoles pour limiter la quantité d’eau apportée au coton pour sa culture. Le développement d’innovations biotechnologiques se concentre également sur la multiplication de cellules de plants de coton in vitro, dans des bioréacteurs, pour produire de la fibre de coton, sans eau.
Cet article se trouve dans le dossier :
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