Avec l’intégration du cloud Computing et du Big data dans les stratégies digitales des entreprises, les développeurs Open-source sont recherchés. Des profils encore trop rares...
En France, 50 000 personnes travaillent dans l’univers du « logiciel libre », un marché estimé à 4 milliards d’euros. Selon le cabinet d’études Pierre Audoin Conseil (PAC), la croissance devrait se maintenir aux environs de 9 % par an pour atteindre 6 milliards en 2020. La part du Libre dans le marché hexagonal des logiciels et service passera alors de 5 % en 2012 à 13 % en 2020.
Revers de la médaille, ce secteur est toujours à la recherche de nouveaux profils. Quelque 4 000 postes sont non pourvus chaque année ! Et cette pénurie est récurrente depuis plusieurs années.
Pourquoi ce secteur embauche-t-il ? « L’Open Source est souvent présenté comme une technologie gratuite. Or il n’en est rien : il s’agit d’un écosystème informatique alternatif reposant sur une communauté de développeurs travaillant en équipe », rappelle Philippe Fossé, VP Channel EMEA chez EMC France.
La généralisation de Linux dans les couches d’infrastructures des SI et dans des technologies en forte croissance (Cloud Computing, Big data, mobilité, IoT) expliquent la forte demande des entreprises et des éditeurs. Les recruteurs recherchent donc des informaticiens, et en particulier des développeurs, ayant des compétences open source. Réalisée en mars auprès de 405 responsables du recrutement en entreprises, administrations et agences de recrutement, la cinquième édition de l’étude de marché de la fondation Linux sur l’emploi confirme cette forte tendance : 65 % des responsables du recrutement déclarent que l’embauche de spécialistes de l’open-source va augmenter plus que n’importe quelle autre partie de leur activité dans les six prochains mois, et 79 % ont augmenté le montant de leurs propositions.
Mais les « linuxiens » très compétents sont une denrée rare. Pour les débaucher, les entreprises leur font les yeux doux en leur proposant des avantages et des salaires plus intéressants. Selon la Linux Foundation, les salaires des Linuxiens expérimentés sont supérieurs à ceux pratiqués sur le marché du IT. Aux États-Unis, le salaire moyen pour un expert Linux s’établit à 90 000 euros environ contre 84 000 euros pour un expert IT en général.
Autant d’arguments qui devraient inciter de nombreux étudiants à se lancer dans l’Open-source et à rejoindre les bancs de l’Open Source School qui ouvrira ses portes à la rentrée à Lille. Les candidats pourront s’inscrire en alternance pendant trois ans ou en formation continue. À la clé, un diplôme (équivalent Bac + 5) reconnu par l’État et certainement un emploi dès la sortie de la formation.
Porté par l’ESPI (école privée de sciences informatiques) et Smile, leader européen de l’intégration open-source, le campus de Lille est le troisième après Lyon et Montpellier, mais avant Nantes, Bordeaux et Paris. « Notre ambition au niveau national est de former 500 étudiants d’ici 2018 », explique Laurent Espine, directeur de l’ESPI.
L’Open Source School a bénéficié du Programme d’Investissements d’Avenir (PIA), piloté par le commissariat général à l’Investissement. Les programmes investissements d’avenir ont vocation à promouvoir l’excellence française en matière d’enseignement supérieur et de recherche. OSS s’inscrit ainsi dans une dynamique en faveur du développement du savoir et de l’innovation pour améliorer les perspectives de croissance de la France.
Philippe Richard
C’est gentil de créer une école à Lille pour aller ensuite exploiter les jeunes à Paris, mais la ville lumière ne fait plus rêver depuis longtemps. Si on peut toujours compter sur la niaiserie et l’inexpérience de la jeunesse pour mieux la tromper, ce sera beaucoup plus difficile avec des ingénieurs expérimentés, qui préféreront toujours créer leur propre boîte ou partir à l’étranger, plutôt que de travailler pour enrichir quelques charlots de service et leurs actionnaires !
Mais le vrai problème de base, c’est que les ingénieurs libres sont des gens souvent plus adaptatifs, créatifs, techniques et avertis que la moyenne, parce que tout simplement plus curieux et passionnés. Rien donc d’étonnant à voir ces gens lancer des bras d’honneur à des chargés de recrutement et à leurs petits consultants maison, qui ne connaissent toujours que leur nombril windows/mac – c’est-à-dire que dalle – et qui veulent encore un expert pour le prix d’un technicien !
En outre, beaucoup en informatique n’ont toujours pas compris que la valeur ajoutée vient de l’être humain, et non de l’outil utilisé. Or on fait au moins aussi bien en OS libre, et quasiment toujours mieux à terme ! Un ingénieur libre, il faut le synchroniser et le suivre, certes, mais il faut surtout le laisser faire. Et c’est cette liberté particulière qui dérange énormément un management hiérarchique archaïque, basé sur la peur et la soumission des intérimaires de service. Finalement, le seul et véritable problème des ingénieurs libristes, c’est surtout de trouver des employeurs qui ont encore un cerveau.
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