Les fabricants de robots de service, et en particulier de robots «sociaux», se positionnent sur le monde professionnel en s'appuyant sur des réseaux de partenaires. Un signe de maturité.
L’annonce avait fait du bruit l’an dernier sur le salon Innorobo : Pepper, le robot-égérie de Softbank Robotics (qui avait absorbé le français Aldebaran), proclamait son arrivée officielle sur la scène européenne. Le groupe japonais, ciblant en priorité les entreprises, avait décidé du même coup de l’entourer d’un programme Partenaires. Objectif : attirer des spécialistes qui aideraient Pepper à s’installer dans le paysage économique professionnel, à l’instar de ce qui se passe déjà au Japon.
En France, Hoomano, qui développe des logiciels pour la robotique sociale (qui interagit avec les humains), a par exemple «adapté» Pepper aux besoins de la SNCF et Darty, pour guider le voyageur ou dynamiser la relation client en magasin. A voir sa progression, ce programme est un succès. «Nous comptions 23 partenaires au lancement il y a un an, rappelle Nicolas Boudot, directeur commercial Europe Moyen Orient Afrique de SoftBank Robotics. Ils sont aujourd’hui 70 dans toute l’Europe.» Des conditions sont imposées – achat d’un robot au minimum, formation de 5 jours… – en contrepartie d’un support technique dédié, d’un soutien marketing, etc.
Les profils de ces «compagnons de route» sont variés. «Ce sont des entreprises de services numériques généralistes comme GFI Informatique, et d’autres qui adressent des marchés verticaux plus spécifiques, explique Nicolas Boudot. Leur rôle consiste à ajouter la dernière brique et à façonner une solution-métier.» Ce modèle commercial à valeur ajoutée est à l’oeuvre depuis un bout de temps en robotique industrielle ou dans d’autres filières de la robotique de service, où les intégrateurs jouent un rôle intermédiaire entre le fabricant du robot et l’usine ou l’entreprise qui s’équipe. Dans une filière telle que la distribution informatique professionnelle, l’organisation est proche et implique des revendeurs, des ESN et des intégrateurs qui connaissent précisément les attentes des entreprises-clientes. Bien que les volumes de vente ne soient pas – encore – comparables, le fait que la robotique sociale commence à se structurer de la même manière est assurément un signe de maturité sur un marché assez nouveau.
Buddy à la conquête du B2B
C’est d’autant plus vrai que Softbank Robotics n’est pas un cas isolé en France. Malgré des ressources et une publicité sans commune mesure, la société française Blue Frog a dévoilé lors d’Innorobo 2017 son propre programme Partenaires, impliquant le robot Buddy. Celui-ci, dont la phase d’industrialisation se finalise, devrait arriver dans les magasins d’ici à la fin de l’année, à un prix de 1290 € TTC. «Mais un canal B2B et des applications professionnelles sur mesure sont envisagés, déclare Rodolphe Hasselvander, le fondateur de Blue Frog. Des intégrateurs comme Hoomano, One Point, Conserto et Awabot pourront répondre aux besoins des entreprises-clientes.» Il est question d’accueil, d’accompagnement interactif dans le monde de l’éducation… «Des producteurs de contenu (Nathan, Ubisoft…), des entreprises qui veulent inclure Buddy dans leur offre de services et des experts du Smart Home (Somfy, Delta Dore) nous ont également rejoints» poursuit Rodolphe Hasselvander. Une personne a été recrutée pour superviser cette stratégie.
La société limougeaude Cybedroid adopte une posture moins officielle pour sa dernière création humanoïde, Leenby. «Il est difficile de mettre en place un équipe dédiée et de formaliser un programme Partenaires, alors que nous sommes une toute petite équipe, confie Fabien Raimbault, le PDG. Cela ne nous empêche pas de travailler depuis l’été 2016 avec Hocaro, qui utilise notre robot à destination des EHPAD (Etablissement d’hébergement pour les personnes âgées dépendantes) ou encore Inbenta, qui le configure pour l’accueil en agence bancaire. Nous conservons en revanche un schéma de vente directe pour les particuliers. Mais il n’est pas question de brûler les étapes.» Une démarche prudente mais raisonnable pour des fabricants de robots qui ne sont généralement que des start-ups.
Par Frédéric Monflier
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