Décryptage

« Le rendement financier d’un investissement dans le photovoltaïque est plus qu’incertain »

Posté le 28 mars 2011
par La rédaction
dans Environnement

[Interview] Philippe Gensana
Philippe Gensana est Directeur Général adjoint de KP1 Bâtiment. Il nous explique le concept KP Solar et les conséquences du moratoire sur le photovoltaïque sur l'activité.

Philippe Gensana est Directeur Général adjoint de KP1 Bâtiment. Sa mission principale consiste à développer les activités clos couvert et clés en main de bâtiments non résidentiels (industrie, commerce, logistique, bureaux) et parkings en superstructure, auprès des acteurs clés du marché (maîtres d’ouvrage et/ou maîtres d’oeuvre).

Techniques de l’ingénieur : Comment est né le concept KP Solar ?

Suite à l’engouement qu’a connu un temps le photovoltaïque, nous avons crée KP Solar en partenariat avec Urba Solar. KP Solar propose d’intégrer des panneaux photovoltaïques à des bâtiments de type industriel ou commercial. Nous construisons le bâtiment sur lequel notre partenaire va ensuite installer une centrale photovoltaïque.

Quels changements ce partenariat a-t-il engendrés pour vous ?

La conception de la structure du bâtiment. Nous avons réalisé une étude sur les charpentes de béton pour adapter notre système constructif afin d’optimiser le rendement énergétique. Nos bâtiments sont principalement constitués de pattes de toiture de 3 %. Le concept KP Solar exige que nous travaillions sur des toitures avec des pentes de 10 %. L’assemblage de poutres a dû être complètement repensé.

Avez-vous dû suivre une formation ?

Notre partenaire Urba Solar nous a formé sur le fonctionnement du photovoltaïque, le calcul des rendements… Nous disposons désormais en interne de techniciens-ingénieurs capables de calculer et d’adapter nos produits aux exigences du photovoltaïques.

Quelle est la situation actuelle du bâtiment photovoltaïque depuis l’adoption du moratoire ?

Les choses se sont compliquées, l’activité s’est ralentie. Le premier coup de frein remonte à septembre, quand les dépôts de projet se sont retrouvés bloqués et que le tarif d’achat a baissé de 0,42 à 0,37 €/KW. Depuis mars, nous sommes dans l’expectative. Nous travaillons sur des bâtiments avec des surfaces minimum de 3 000-3 500 m², c’est-à-dire avec des centrales photovoltaïques au-delà de 250 KW. Le rendement financier d’un investissement est plus qu’incertain avec les nouveau tarifs. Aujourd’hui, nous étudions beaucoup moins de projets impliquant du photovoltaïque en toiture lorsqu’il y a une recherche de rentabilité financière du maitre d’ouvrage.

Quelles sont les conséquences sur votre activité ?

Notre activité de base est le bâtiment. Le photovoltaïque est pour nous un moyen de dynamiser la construction de bâtiments. Actuellement, le marché du bâtiment tertiaire n’a toujours pas redémarré. Ce genre de mesure ne va certainement pas y contribuer.

Vous pensez qu’une reprise est envisageable ?

La nouvelle réglementation thermique de 2012 (RT 2012) va rendre obligatoire l’utilisation du photovoltaïque en toiture de bâtiments. Mais aujourd’hui, la réglementation est encore floue en ce qui concerne les bâtiments tertiaires, sauf pour les bureaux. Mais à terme, tous les bâtiments seront à « énergie positive », et le photovoltaïque sera un outil parmi d’autres d’y arriver.

Comment définiriez-vous le concept d’« énergie positive » ?

Un bâtiment devra produire plus d’énergie qu’il n’en consomme. Grâce à des solutions constructives moins énergivores, du type panneaux photovoltaïques et récupération des eaux de pluie, mais également grâce au comportement des utilisateurs.

 

Propos recueillis par Carole Hamon


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