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Le règlement Reach, fait comme un rat ?

Posté le par La rédaction dans Environnement

Selon des scientifiques américains, le coût des analyses toxicologiques prévues par le règlement Reach, tout particulièrement celles liées à l’expérimentation animale, serait bien plus élevé que l’estimation de 2004, lorsque le projet de loi avait été présenté par la Commission européenne. Explications.

Le défi que représente Reach, le règlement européen sur les produits chimiques, a-t-il été sous-estimé ? C’est ce que suggère une tribune publiée le 27 août dernier dans la célèbre revue Nature, par le toxicologue Thomas Hartung de l’Université Johns Hopkins (Baltimore, Maryland), ancien directeur du Centre européen pour la validation des méthodes alternatives, et Costanza Rovida, une chimiste italienne.Selon les auteurs, le coût des analyses toxicologiques prévues par le règlement, tout particulièrement celles liées à l’expérimentation animale, serait bien plus élevé que l’estimation de 2004, lorsque le projet de loi avait été présenté par la Commission européenne.Ainsi, au cours de la prochaine décennie, ce ne sont pas 1,6 à 2 milliards d’euros mais 9,5 milliards qui seront requis pour l’expérimentation animale. Quant au nombre d’animaux de laboratoire nécessaire pour effectuer les tests de toxicité, il s’élèverait non pas à 2,6 millions mais à 54 millions ! Une tribune qui relance la polémique sur l’expérimentation animale alors que se tient jusqu’au 3 septembre, à Rome, le septième Congrès mondial sur les alternatives à l’utilisation des animaux en sciences de la vie.Reach, victime de son succès ?Rappelons en premier lieu que le règlement Reach, dont l’entrée en vigueur date de juin 2007, contraint les industries chimiques à démontrer que les produits mis sur le marché depuis 1981 et qui sont toujours en vente, ne présentent pas de risques pour la santé publique mais aussi pour l’environnement, et ce, lorsque leur volume de commercialisation excède une tonne par an.Dans le cadre du calendrier d’application du règlement, qui s’étale jusqu’en 2018, les produits concernés doivent faire l’objet d’une demande d’enregistrement auprès de l’Agence européenne des produits chimiques (Echa), qui gère les procédures d’évaluation, d’autorisation et de restriction d’utilisation des dits produits. Cela dit, comment expliquer un tel écart entre le coût estimé en 2004 et celui avancé par l’étude publiée dans Nature ? Eh bien, le nombre de demandes d’enregistrement a été très largement supérieur à celui attendu.Ainsi, comme le relate le Journal de l’Environnement, « ce sont 143.000 substances, au lieu des 29.000 initialement prévues, qui ont été pré-enregistrées par l’Agence européenne des produits chimiques (Echa) ». Sans compter que le coût de Reach a été évalué pour une Europe à 12 et non à 27.Des tests sur la selletteDès lors, pour Thomas Hartung et Costanza Rovida, non seulement le règlement Reach coûtera trop cher mais ses objectifs seront tout simplement intenables : « La toxicologie réglementaire n’a ni les méthodes haut-débit ni les techniques alternatives à l’expérimentation animale pour tenir l’objectif » rapporte Le Monde. Particulièrement pointés du doigt, les tests de toxicité pour la reproduction qui, rappelle le Journal de l’Environnement, « nécessitent deux générations de deux espèces animales distinctes » et représentent à eux seuls, selon l’étude, « 90 % des cobayes et 70 % des coûts de Reach ».Un vrai « goulot d’étranglement » pour les auteurs qui appellent à « un moratoire sur les tests de toxicologie de la reproduction tant que des alternatives ne seront pas approuvées », selon Le Monde. Des résultats qui ne sont pas au goût de tous. Parmi les voix discordantes rapportées par Hervé Morin et Philippe Ricard dans LeMonde, l’Echa estime que « l’analyse publiée dans Nature est inexacte » et que le coût de ces tests ne dépassera pas le montant prévu même si l’Agence admet que le nombre d’animaux nécessaires sera bien de « 9 millions et non 2,6 millions ». Bref, les estimations abondent mais ne se ressemblent pas. Dernier détail… L’un des objectifs de Reach est bien de réduire, à terme, le nombre d’animaux utilisés. Mais pour ce faire, comme l’explique Eric Thybaud, de l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris), au journal Le Monde, « il va falloir augmenter l’expérimentation animale… », aussi paradoxal que cela puisse paraître.En définitive, la situation serait-elle inextricable ? Pas si sûr puisque, selon Le Figaro, la « Commission européenne et l’industrie cosmétique vont débloquer chacune 25 millions d’euros afin de trouver d’autres moyens que le recours aux animaux pour évaluer l’innocuité de produits cosmétiques ». Cette annonce, certes restreinte à l’industrie cosmétique, a été faite ce lundi 31août, dans le cadre du septième Congrès mondial sur les alternatives à l’utilisation des animaux en sciences de la vie, qui se tient à Rome jusqu’au jeudi 3 septembre. Un Congrès dont le président n’est autre que… Thomas Hartung.  

Source :
Revue de presse de la Mission Agrobiosciences du 2 septembre 2009

Posté le par La rédaction


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