Avec une nécessité de réduire les émissions de CO2, de plus en plus de solutions se développent sur le marché de l’emballage. Deux en particulier semblent prometteuses : le réemploi et la réutilisation. Ils se différencient par un passage, ou non, par le statut de déchet lors de la fin de vie de l’objet. Dans le réemploi, l’objet est donné ou vendu à un tiers pour qu’il lui donne une nouvelle vie. Dans la réutilisation, le produit ne passe pas par une structure qui s’occupe du réemploi. Il prend alors le statut de déchet. Il va ensuite subir une opération de traitement des déchets pour retrouver son statut de produit.
Ces deux options sont d’ailleurs plébiscitées par la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire, ou loi Agec, qui impose que 5 % des emballages mis sur le marché en 2023 (pour les metteurs en marché de plus de 50 millions d’euros de chiffre d’affaires) doivent être réemployés ou réutilisés. En 2025, cette mesure concernera les metteurs sur le marché de plus de 20 millions d’euros de chiffre d’affaires et en 2026, pour les autres metteurs en marché de plus de 10 000 unités de ventes. En 2027, 10 % des emballages devront être réemployés ou réutilisés pour tous les metteurs sur le marché de plus de 10 000 unités de ventes.
Différents types de réemploi
Il existe ainsi trois grands types de réemploi pour les emballages. Le premier concerne le vrac pour les produits vendus sans emballages primaires. Le consommateur remplit alors ses emballages réemployables comme des bocaux, des sachets en tissus ou des barquettes, qui proviennent du point de vente ou qui lui appartiennent. En revanche, les sacs en plastique ou les sachets papier à usage unique, appelés « économats » et fournis par le magasin, n’entrent pas dans le cadre du réemploi.
Deuxième type de réemploi, les emballages préemballés en usine et réemployés par les professionnels. Le consommateur achète un produit déjà préemballé. Une fois utilisé, il ramène l’emballage qui sera pris en charge par le professionnel.
Enfin, la troisième méthode concerne l’utilisation de recharges. Elles permettent de remplir à nouveau un emballage parent avec le même produit. La recharge n’est pas faite pour être utilisée seule.
Des exemples concrets de réemploi
Aujourd’hui en France, 30 à 40 % des bouteilles utilisées dans les cafés, les hôtels, les restaurants sont encore consignées pour être lavées et remplies à nouveau. Un système de consigne perdure aussi en place en Alsace, ou près de 25 millions de bouteilles en verre sont réemployées chaque année et 30 % des supermarchés y sont équipés de machines de déconsignation. Toujours dans cette région, la brasserie Meteor a misé sur un système de consigne. Elle représente à elle seule 42 % du parc de bouteilles réemployables en France sur le circuit ménager. Une étude de 2009 avait montré que ce dispositif permettait d’économiser 76 % d’énergie primaire, d’éviter 79 % d’émissions de gaz à effet de serre et d’utiliser 33 % d’eau en moins par rapport à des bouteilles en verre à usage unique.
Depuis le 1er janvier 2023, les établissements de restauration qui servent plus de 20 couverts doivent désormais avoir recours à de la vaisselle réutilisable selon la loi Agec. Ces enseignes servent 6 milliards de repas par an dans 30 000 points de vente en France, ce qui génère 180 000 tonnes de déchets chaque année. Ceux qui continueront à utiliser de la vaisselle jetable s’exposeront à une amende de 7 500 €. L’association Zero Waste regrette également que la vaisselle soit en plastique, matériau dont la durabilité au fil des lavages doit être démontrée et ayant potentiellement des risques de migration vers les aliments.
Repenser toute une économie
De nombreuses initiatives de réemploi existent au niveau régional, mais elles sont rares à l’échelle nationale. Avec une montée en puissance du réemploi grâce à la loi Agec, le marché va devoir se réorganiser. Citéo, spécialisé sur les questions d’emballages, préconise ainsi de développer des emballages standardisés, principalement en verre, à diffuser dans toute la France. Ils présentent de nombreux avantages. Regroupés, ils permettront d’optimiser les processus de retour, de tri, de lavage et logistique et d’améliorer le bilan économique et environnemental du réemploi.
Concernant le vrac, le principal enjeu consiste à réduire le gaspillage alimentaire en amont, dans le magasin et chez le consommateur. D’après Citéo, dès 10 % de perte, le vrac est moins performant que les produits emballés.
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