La fédération des entreprises du recyclage Federec alerte sur la crise traversée par le secteur des papiers et des cartons. Très dépendante des exportations, la France est particulièrement touchée par la fin des exportations chinoises.
En 2018, la collecte des papiers et cartons pour recyclage en France atteint 6,96 millions de tonnes, en baisse de 4,6 % par rapport à 2017. « C’est la première fois que nous avons une telle baisse », fait savoir Pascal Genneviève, président de la branche Papiers-cartons de Federec. Le taux de récupération atteint 79,2%, en baisse aussi pour la première fois depuis de nombreuses années.
Dans le détail, la baisse est de 5,6% pour les 2,25 millions de tonnes de papiers collectées. « Cela reflète tout simplement la baisse de l’utilisation du papier dans notre société », analyse Pascal Genneviève. Si la baisse chronique du gisement de papier se poursuit, la baisse touche pour la première fois l’activité de recyclage des cartons. Ainsi, 4,71 millions de tonnes de cartons ont été collectées et triées, en baisse de 4,1%.
Trouver de nouveaux débouchés en Europe
La baisse est en grande partie liée à la fermeture des débouchés asiatiques qui importaient 7,9 millions de tonnes de papiers et cartons d’Europe chaque année. En plus, la France manque toujours cruellement de papeteries. Le pays reste très dépendant des exportations. 65% des papiers et cartons triés sont consommés en France, 30% dans l’Union européenne et 5% hors de l’UE. Dans ces conditions, une partie des fibres part dans les ordures ménagères ou dans les refus de tri. Destination l’incinération ou l’enfouissement.
L’activité de recyclage des papiers continue à souffrir de la diminution de l’utilisation de papiers graphiques dans ses principaux usages (édition, presse…). La baisse du volume d’ archives papiers, déjà observée, se confirme. Les prix s’effondrent : ils ont été divisés par deux pour le carton et atteignent leur niveau le plus bas depuis dix ans. Combiné à la baisse des volumes, la profession fait face à une baisse importante de son chiffres d’affaires. Il atteint 729,2 millions d’euros, en baisse de 26% par rapport à 2017.
Des centres de tri engorgés
Le marché chinois était déjà très restrictif en quantité et en qualité. Il s’est totalement fermé aux flux européens de papiers-cartons en 2019. Si certaines usines papetières du sud-est asiatique importaient une partie des excédents européens et américains, elles sont désormais saturées ou ont mis en place des dispositifs de contrôle contraignants. Cela a engendré un engorgement du marché mondial.
Etant très dépendante des exportations, la France est particulièrement affectée par ce manque d’exutoires. Les prix chutent et les centres de tri se trouvent engorgés. Une nouvelle crise s’ajoute à cette situation ces derniers mois. Les usines fabriquant du papier-journal ont du mal à vendre leurs bobines donc ralentissent leur production. « Nous ne savons plus quoi faire des journaux-magazines issus de nos centres de tri », avertit Pascal Genneviève, qui incite à trouver rapidement des solutions localement pour désengorger les centres de tri. Cette situation pourrait conduire à l’arrêt temporaire de certains centres de tri. La situation devrait s’améliorer à partir de 2020, avec la création de nouvelles capacités en Europe et la structuration de certains marchés asiatiques, hors de la Chine.
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