Les prévisions climatiques de référence pour la France ont été réalisées par Météo-France, le Centre Européen de Recherche et de Formation Avancée en Calcul Scientifique (CERFACS) et l’Institut Pierre-Simon Laplace pour le portail DRIAS. Ce dernier permet de visualiser de multiples indicateurs pour appréhender l’évolution du climat région par région. En particulier, il regroupe les échéances de projections futures en horizons : proche (2021-2050), moyen (2041-2070) et lointain (2071-2100).
Un réchauffement sur toute la France
Avec un réchauffement mondial de 1°C déjà effectif par rapport à l’ère préindustrielle (soit avant le XIXème siècle), la France s’est réchauffée de plus de 1,5°C. «Avec un réchauffement mondial de 2°C en 2100, la France métropolitaine accuserait un réchauffement d’environ 3°C», prévient David Salas Y Melia, chercheur et responsable de l’unité climat au Centre national de recherches météorologiques (CNRM) à Météo-France. Hormis la Guyane, les DOM-TOM quant à eux connaîtraient un réchauffement plus faible, typique des régions côtières et de l’ordre de 2°C.
En France métropolitaine, le portail DRIAS indique que l’augmentation moyenne des températures pour le milieu du siècle s’échelonnera d’environ 1°C pour la façade Atlantique à 2°C pour les territoires plus continentaux. D’ici la fin du XXIe siècle, le scénario le plus pessimiste prévoit une augmentation moyenne annuelle comprise entre 3 et 4°C pour la façade nord-ouest, et entre 4 et 5 °C pour le reste du territoire.
Des vagues de chaleur qui s’intensifient
En premier lieu, il faut s’attendre à une hausse de la fréquence et de l’intensité des vagues de chaleur. «Depuis les années 2000, il y a eu des canicules presque tous les étés», rappelle le chercheur. Les pics de chaleur sont plus élevés avec des records de température et les projections montrent que la sévérité des canicules continuera à augmenter. «Sur les scénarios les plus forts, avec un réchauffement de 4 à 5°C en France, dès le milieu du siècle, on a une chance sur deux chaque été d’avoir une canicule plus intense que celle d’août 2003», ajoute-t-il.
Par ailleurs, l’intensité des valeurs les plus élevées de température augmente plus vite que la température moyenne du globe. «Si la température du globe se réchauffe de X°C, les extrêmes chauds se réchauffent en moyenne mondiale de 2X et les extrêmes froids de 3X», résume David Salas Y Melia. Alors que les vagues de chaud seront plus intenses et fréquentes, les vagues de froid se raréfieront et seront de moindre ampleur.
Une baisse des ressources en eau
Côté pluviométrie, la France se divise en deux. «En moyenne sur le pays, on assiste à une hausse d’environ 5 % des précipitations depuis les années 50, assure David Salas Y Melia. Il y a une tendance à une pluviométrie accrue dans le nord et en diminution dans le sud». Mais si l’on s’intéresse aux ressources en eau réellement disponibles, il faut prendre en compte l’évaporation. En effet, les précipitations qui contribuent aux ressources en eau sont celles qui s’infiltrent dans les nappes profondes ou ruissellent via les fleuves.
«Avec le réchauffement, on observe une hausse de l’évaporation depuis quelques décennies donc on a tendance à avoir des ressources en eau en baisse, même dans les régions où les précipitations évoluent peu», éclaire l’expert. Ainsi, la tendance est à l’assèchement du pays en été, mais les prévisions demeurent incertaines pour l’hiver. De même, il n’y a pas encore de message clair sur l’évolution de la fréquence des pluies extrêmes d’automne sur les régions méditerranéennes. Les cyclones pourraient devenir un peu plus violents et les pluies associées plus intenses, mais cela reste à confirmer. En revanche, Météo-France prévoit une hausse de la probabilité d’incendies sur une grande partie du pays. «Aujourd’hui, l’espace méditerranéen est particulièrement touché car il est plus sec, prévient le chercheur. La forêt des Landes devrait être de plus en plus touchée, certaines forêts du Nord de la France également.»
En 2012, le bureau d’études BRL Ingénierie, les centres Irstea d’Antony et Lyon et Météo-France ont mené le projet 2070. Objectif : étudier l’évolution des débits fluviaux du fait du changement climatique. Le projet Explore 2070 prévoit une baisse des débits des cours d’eau qui pourrait être très importante. «En fonction des connaissances actuelles, on prévoit une diminution du débit moyen de fleuves français et une réduction des débits minimum d’étiage quinquennaux qui peuvent aller jusqu’à 70% dans le pire des scénarios autour de 2070», projette David Salas Y Melia. Enfin, les projections climatiques prévoient au minimum une montée du niveau marin de 40 cm au niveau mondial d’ici 2100. Elle pourrait atteindre 80 cm dans le pire des cas. «40 cm, c’est déjà très problématique pour les côtes de basse altitude, notamment dans l’espace méditerranéen», prévient le chercheur de Météo-France.
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