Le projet Gestion des Réseaux par l’injection d’Hydrogène pour Décarboner les énergies (GRHYD) représente le premier projet de grande envergure illustrant la Troisième révolution industrielle dans la grande région Nord-Pas de Calais – Picardie.
Il s’agit aussi du premier démonstrateur français à grande échelle de Power to Gas, à Dunkerque. Piloté par Engie en lien avec 10 autres partenaires, son objectif est de transformer l’électricité issue d’énergies renouvelables, notamment éolienne, en hydrogène par électrolyse de l’eau. L’hydrogène ainsi produit permet de stocker le surplus d’électricité d’origine renouvelable et servir de vecteur énergétique. En toile de fond, ce projet vise à valider la pertinence technique et économique d’une nouvelle filière industrielle composée d’hydrogène et de gaz naturel pour le transport et le chauffage.
Jusqu’à 20 % d’hydrogène en mélange avec le gaz naturel
Dans le cadre de ce projet, deux produits sont testés : le carburant Hythane et un mélange à différentes teneurs de gaz naturel et d’hydrogène. L’Hythane est un mélange composé à 80 % de gaz naturel et 20 % d’hydrogène à destination des bus de la ville. « En complément de la station actuelle de carburant Gaz Naturel pour Véhicules (G.N.V.), une station de production-stockage hydrogène, localisée sur le site du dépôt de DK’Bus Marine à Petite-Synthe, doit permettre d’alimenter en carburant Hythane® une flotte de plusieurs dizaines de bus fonctionnant actuellement au G.N.V. », assurent les membres du projet dans un communiqué. Grâce aux futurs retours d’expérience, les partenaires du projet pourront envisager de convertir de nouveaux bus. « A ce jour il n’existe aucune grille d’homologation pour un carburant composé de gaz naturel avec 20 % d’hydrogène, précisent les partenaires. Un frein règlementaire et financier que devra s’attacher à lever le projet GRHYD pour favoriser un futur déploiement de cette énergie ».
L’autre axe du projet est d’injecter de l’hydrogène directement dans les réseaux de distribution de gaz naturel du nouveau quartier de la ZAC de Cappelle-la-Grande. Dès mars 2017, cette injection répondra aux besoins en eau chaude sanitaire et en chauffage des 100 premiers logements de ce quartier. « Des tests en laboratoire ont démontré que les chaudières actuelles permettraient la distribution de cette énergie, en tenant compte de la présence d’un maximum de 20 % d’hydrogène dans le combustible gaz », se félicitent les membres du projet. L’incorporation de l’hydrogène dans le réseau se fera par étapes. Il sera d’abord injecté à faible dose, « peut-être 5 %, pour vérifier que ça se passe bien dans les logements », explique Marie Papadopoulo, chargée de mission GRDF, à La voix du nord. « L’objectif à terme, fin 2018 ou début 2019, est de monter à 20 % d’hydrogène, mais par étapes, à valider à chaque fois », souligne-t-elle. Un bâtiment existant, l’Etablissement Public de Santé Mentale, devrait lui aussi être raccordé à ce réseau gaz naturel et hydrogène.
Incorporer 20% d’hydrogène dans du G.N.V ou dans le réseau de gaz de ville permettra de diminuer la consommation de gaz tout en valorisation l’électricité d’origine renouvelable. Cela serait d’autant plus intéressant en mélange avec du biométhane ou du bioGNV, leurs pendants d’origine renouvelable. Étalé sur cinq ans, le projet GRHYD représente un investissement de 15 millions d’euros.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
Dans l'actualité
Dans les ressources documentaires