Lancé au printemps 2013, ce Plan Très Haut Débit vise à couvrir la France de fibre optique sur 80 % environ du territoire d’ici 2022 et 50 % dès 2017. Le pari sera difficile à relever...
Le nouveau Président de la République connaît bien le dossier. En novembre 2015, alors ministre de l’Économie, il avait réuni les opérateurs pour s’enquérir de leur engagement à tenir les objectifs du plan France Très Haut Débit. Après cette réunion, il avait déclaré : « nous sommes en ligne avec le plan de déploiement du très haut débit ».
Est-ce toujours le cas aujourd’hui ? L’Hexagone n’est pas le bon élève européen. Selon la dernière étude de l’IDATE, l’Europe au sens large (Russie et Biélorussie incluses) a vu le nombre de foyers raccordés en fibre bondir de 17 % sur un an à fin septembre 2016. En France, la progression n’est « que » de 11 % ! Il est toujours possible de se rassurer en constatant que l’Italie, l’Allemagne et le Royaume-Uni affichent un bonnet d’âne avec respectivement 1,9 % d’abonnés, 1,6 % et moins de 1 % ! Pour mémoire, toujours selon l’IDATE, les Émirats arabes unis sont le premier pays en termes de raccordements (93,7 % de foyers en FTTH/FTTB), suivis par le Qatar (87,9 %) et la Corée du Sud (79,8 %).
De son côté, « Le Baromètre exclusif » du site ZoneADSL confirme une progression très faible du THD. Son palmarès des villes indique que 48,3 % sont éligibles au Très Haut débit (>30 Mb/s) et 15,7 % au réseau de fibre optique. Lancé au printemps 2013, le Plan France Très Haut débit vise à couvrir l’intégralité du territoire d’ici 2022, c’est-à-dire à « proposer un accès à Internet performant à l’ensemble des logements, des entreprises et des administrations, même s’ils sont isolés ».
Le défi sera difficile à relever pour le nouveau gouvernement. Selon les projections de ZoneADSL, seule La Réunion sera couverte à 100 % en 2022. La Martinique, la Bourgogne-Franche-Comté et le Centre-Val de Loire, seront mieux lotis que les autres avec respectivement 94 %, 83 % et 80 %. À l’inverse, la Guyane et Mayotte seront très mal desservies avec respectivement 20 et 34 %. Plus surprenant, Île-de-France n’affichera que 74 %.
Cette faible progression a plusieurs explications dont la principale est le coût de l’investissement. Lors du récent colloque TRIP (Territoires et Réseaux d’Initiative Publique) printemps 2017 organisé par l’AVICCA (Association des Villes et Collectivités pour les Communications électroniques et l’Audiovisuel), le directeur de l’Agence du Numérique, Antoine Darodes a estimé qu’il « faudra entre 10 et 12 milliards d’euros d’investissements supplémentaires » pour le FTTH. Début 2017, un rapport de la Cour des Comptes avait évalué à 34,9 Md€ le coût total du Plan, estimé initialement à 20 Md€.
Autre explication à ce retard : l’existence de zones blanches c’est-à-dire mal ou pas desservies par des opérateurs. Dans ce cas, d’autres alternatives pourraient prendre le « relais » de la fibre optique et du câble : les réseaux hertziens terrestres (Wimax, Wi-fi) notamment avec l’utilisation de technologies LTE (« Long Term Evolution ») et l’internet par satellite (bande Ka).
Philippe Richard
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