L’analyse de la CRE a porté sur l’ensemble des coûts d’investissements et d’exploitation pour les projets déposés lors des appels d’offres de 2017 et 2018. Le régulateur du secteur énergétique y constate que les effets d’échelle observés sont importants et recommande notamment de faciliter l’émergence de projets de plus grande taille que 30 MW, jusqu’à 100 MW, « afin d’atteindre des prix encore plus compétitifs et de permettre à certains projets de ne plus recourir aux mécanismes de soutien public, comme on a commencé à l’observer dans les pays voisins. »
En effet, pour les grands parcs au sol, « les coûts des installations les plus compétitives sont aux environs de 48 €/MWh, taxe IFER ((impôt forfaitaire sur les entreprises de réseaux, ndlr) de 6 €/MWh incluse », se félicite le régulateur. Ainsi, la filière française « est parfaitement compétitive avec celles des pays comparables. » C’est particulièrement vrai avec le pays qui compte le plus de solaire en Europe, l’Allemagne, où les coûts de production sont compris entre 40 €/MWh et 70 €/MWh, selon le dernier rapport de l’Institut Fraunhofer, publié en mars 2018.
Recul des coûts d’investissement « et » d’exploitation
En outre, la CRE constate que « sur les trois dernières années seulement, les coûts d’investissement ont diminué d’en moyenne 32 %, cette dynamique étant largement due à la baisse du prix des modules photovoltaïques à l’échelle mondiale. Les coûts moyens d’investissement observés aujourd’hui se situent autour de 800 €/kWc (kilowatt-crête) pour les installations au sol et autour de 1 100 €/kWc pour les installations sur bâtiments et ombrières de parking. Les projets les moins chers, au sol et de grande taille, avoisinent désormais les 600 €/kWc. »
Le régulateur souligne qu’au-delà de cette baisse des coûts d’investissement, qui continuent de peser pour 80% du coût complet de production d’un parc solaire, « la professionnalisation des acteurs » a permis un recul des coûts d’exploitation, en moyenne de 27% sur les trois dernières années, pour tomber à 20 €/kWc sur la plupart des segments de ce marché des grands parcs.
Soutien continu
La CRE indique que la mise en place de nouveaux mécanismes de soutien, notamment les appels d’offres pluriannuels, combinés à la baisse des coûts, ont permis de donner de la visibilité à la filière. Les capacités raccordées annuellement, qui était de 0,5 GW à 1 GW sur 2010-2018, atteignent désormais 2 GW en moyenne à l’occasion de la vague d’appels d’offres CRE4 lancés l’an dernier. Néanmoins, la CRE tempère à l’aune de la 5ème période de l’appel d’offres « Centrale au sol de puissance comprise entre 500 kW et 30 MW », dit CRE5, dévoilé le 6 mars par le ministère de la Transition écologique et solidaire. La participation aux appels d’offres CR5 s’est réduite, notamment pour les familles d’installations sur bâtiments et ombrières. Et le prix moyen proposé par les développeurs lauréats est en effet de 62,7€/MWh pour l’ensemble des projets, soit une hausse de 3 % par rapport à la 4ème période en août dernier. Cela ne remet pas en cause la compétitivité de la filière et offre d’ailleurs un rééquilibrage territorial des projets, indique la CRE.
Le productible (le niveau espéré d’un parc en fonction de l’ensoleillement) d’une installation constitue un facteur déterminant dans la rentabilité d’un projet, insiste la CRE. Et les régions les plus ensoleillées du sud de la France constituent à ce titre des zones préférentielles pour l’implantation d’une installation. Ainsi, la CRE « constate que 68 % du volume déposé dans le cadre des appels d’offres de la vague « CRE4 » au sol et sur bâtiments concerne des projets situés dans les quatre régions du sud pour lesquelles le productible moyen observé est 17 % plus élevé que sur le reste du territoire ». Un avantage cependant compensé par un surcoût sur certains postes de dépenses, comme par exemple la location des terrains ou encore les coûts de raccordement, qui peuvent varier entre 50 et 279 €/kWc selon le type, la taille et l’emplacement (rural/urbain et selon les régions) de l’installation. En fixant, parmi les critères de notation, la valorisation du recours à des terrains dégradés, la CRE signale que les régions du nord relèvent la tête et ainsi « les taux de réussite moyens constatés par région sont relativement homogènes sur l’ensemble du territoire pour les premières périodes des appels d’offres en cours ». Et de conclure qu’étendre de 30 MW à 100 MW le périmètre des appels d’offres pour les projets portant sur ces terrains, comme la CRE « l’avait déjà appelé de ses vœux », permettrait de rééquilibrer les puissances installées entre les régions, tout en développant des projets moins coûteux et évitant les conflits d’intérêt.
Dans l'actualité
- Réponse à la taxe anti-solaire de Trump : la Chine construit une énorme usine de panneaux photovoltaïques en Inde
- La Chine mise sur le solaire photovoltaïque flottant !
- Photovoltaïque : la gravure à sec rend le solaire plus propre et abordable
- Photovoltaïque : vers l’atteinte des objectifs en 2018 ?
- Des avancées majeures pour le photovoltaïque organique
- La cellule photovoltaïque qui stocke son énergie
- Le monde comptera 3,2 TW de solaire photovoltaïque et d’éolien en 2030
- Photovoltaïque. L’île d’Ukujima accueille le plus grand projet « solar sharing » du monde
- Les tarifs réglementés à nouveau au cœur du débat
- Photovoltaïque : l’hétérojonction dans les starting-blocks industriels
- Le soleil et l’océan pour le carburant de demain ?
- Photovoltaïque : comment éviter les arnaques
- Un nouveau type de cellule tandem pour accroître le rendement des panneaux solaires
- 2 GW de nouveaux appels d’offres solaires annoncés pour 2020
- La R&D a encore un rôle à jouer dans le solaire photovoltaïque
- Les Français encore frileux sur le photovoltaïque