Alors que la filière française du photovoltaïque est très affaiblie, l’Europe décide enfin de contre-attaquer : le 6 septembre, la commission européenne a lancé une enquête anti-dumping contre les fabricants de panneaux solaires chinois. Il était temps ! Ce n’est pas un secret, la filière chinoise est très largement subventionnée par l’état, beaucoup trop. Grâce à ces aides, les producteurs chinois ont cassé les prix, produisant des panneaux solaires low-cost en très grande quantité.
Cet afflux de produits en total décalage avec la réalité de la demande a fait chuter les prix et propulser la Chine premier fabricant de panneaux solaires dans le monde, alors que la France mais aussi l’Allemagne, a vu ses entreprises mettre la clé sous la porte, incapables de s‘aligner sur des tarifs ultra-compétitifs.
Mais cela pourrait bien s’arrêter car les prix proposés par les chinois ne sont possibles que grâce aux subventions perçues. En effet, l’Europe s’engage dans une bataille déjà lancée par les Etats-Unis après que le ministère de l’énergie a jugé les subventions chinoises illégales. Les Américains ont réagi en jouant sur les droits de douane allant de 31% à 250% sur les panneaux solaires chinois. L’Europe aura-t-elle le courage de se protéger aussi efficacement ?
Il le faudrait, d’autant plus que 60% du marché chinois est…européen ! Un comble. Pour l’instant, la commission européenne se donne quinze mois pour déterminer si oui ou non les panneaux solaires chinois sont vendus à perte, mais pourrait augmenter les droits de douane d’ici à neuf mois.
Pour enfoncer le clou, l’association EU ProSun, déjà à l’origine de cette enquête de la commission européenne, vient de déposer une nouvelle plainte toujours auprès de la commission européenne pour dénoncer plus particulièrement les subventions publiques dont bénéficient les fabricants chinois.
D’après cette association regroupant des industriels européens du secteur photovoltaïque, la Chine subventionnerait ses fabricants par le biais de crédits à taux préférentiels dont les intérêts seraient en fait pris en charge par l’Etat. La commission européenne dira dans un mois et demi si oui ou non elle lance une deuxième enquête.
Par Audrey Loubens, journaliste scientifique
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