« Du pétrole sur le Groenland, ce serait un désastre. Une fuite causerait trop de dommages à l’image de la compagnie », explique Christophe de Margerie, Président directeur général de Total, dans une interview au journal Le Monde. Loin d’être devenu philanthrope, monsieur de Margerie reste soucieux de l’image de sa compagnie et sait qu’une marée noire aurait un impact désastreux. Mais surtout, forer en Arctique ne serait pas si rentable que cela…
Pourtant, cette région suscitait il y a peu toutes les convoitises. Dans une étude de l’Institut de géophysique américain datée de 2008, l’Arctique renfermerait 13% des ressources mondiales encore à découvrir, soit 90 milliards de barils ! Avec la demande énergétique qui croit sans cesse, le coût du baril de pétrole qui s’envole et la fonte des glaces qui rend la zone de plus en plus facilement accessible, les forages en Arctique semblaient séduisants.
L’Arctique devrait être épargné encore quelques décennies…
Mais cet engouement s’essouffle. Tout d’abord, les gisements présumés sont localisés principalement au large, là où les équipements sont soumis à des conditions climatiques extrêmes, ce qui rend ce type d’exploitation particulièrement coûteuse, et donc moins rentable. De plus, d’autres sources d’énergie sont moins chères à exploiter, notamment le gaz, conventionnel ou de schiste.
La découverte de ces hydrocarbures dont l’exploitation se révèle aussi moins dangereuse mobilise plus l’attention des compagnies que les forages au pôle nord. En témoignent ces revirements de politique : il y a quelques jours, Shell annonçait le report de projets de forage en Alaska tandis que Gazprom différait le lancement de la production de pétrole sur le premier champ pétrolier offshore de l’Arctique russe.
Des chercheurs norvégiens estimaient que l’Arctique ne deviendrait pas une zone d’exploitation importante avec la part de pétrole de l’Arctique stagnant à 8%-10% de la production globale d’ici à 2050, celle du gaz naturel chutant de moitié. L’Arctique devrait donc être épargné encore quelques décennies…
Par Audrey Loubens
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