L'Allemagne a parié sur le développement des éoliennes offshore en Mer du Nord et en mer Baltique. Les raccordements au réseau électrique des parcs éoliens situés en Mer du Nord commencent à se succéder malgré certains retards dus à des difficultés techniques. Point sur la situation.
En Allemagne, les parcs éoliens sont majoritairement situés très au large, jusqu’à plusieurs dizaines de kilomètres. En plus de la complexité technique et logistique de la mise en œuvre des éoliennes à de telles distances, s’ajoute la complexité du raccordement. Les retards observés au niveau du raccordement au réseau électrique des parcs éoliens en mer en mer du Nord sont notamment dus « à des travaux de nettoyage des fonds de mer, en partie parsemés de munitions issues de la Seconde Guerre Mondiale », précise Sarah Florence Gaebler, chargée de mission à l’Office franco-allemand pour les énergies renouvelables (OFAEnR).
4 parcs éoliens offshore en service en mer du Nord
Les 60 MW du parc Alpha Ventus ont été les premiers à être raccordés au réseau en avril 2010 et sont depuis en exploitation. De leur côté, les 400 MW du parc Bard 1 ont été raccordés en septembre 2013, une première tranche de 200 MW étant raccordée depuis mars 2013. Mais, l’exploitation du parc a dû être arrêtée immédiatement en raison de problèmes techniques. En mars 2014, un nouveau raccordement a été testé, mais un court-circuit a grillé les filtres d’un transformateur électrique au large après juste quelques heures. Après ces longs retards, les éoliennes sont finalement connectées et l’exploitation commerciale est en cours de démarrage.
Un autre parc de 108 MW est raccordé depuis février 2014.Il s’agit du parc Riffgat. « Le parc Riffgat aurait dû être raccordé dès 2013, mais les travaux d’évacuation de plusieurs tonnes de munition sur le fond de la mer, que TenneT a été obligé de réaliser, a retardé l’installation du raccordement », rappelle Florence Gaebler. Malgré des retards dus à la complexité des installations, les experts ont su rebondir et les raccordements s’enchaînent désormais. Le parc Meerwind Süd/Ost de 288 MW est en service depuis novembre 2014.
8 nouveaux parcs éoliens offshore en service d’ici fin 2015
Trois autres parcs éoliens sont entièrement installés depuis mi-2014. Il s’agit des parcs Trianel Borkum (200 MW), Global Tech I (400 MW) et Dan Tysk (288 MW). Les travaux d’installation des éoliennes du parc Trianel Borkumont été finalisés début juin 2014. Les travaux d’installation du parc Global Tech I et du parc Dan Tysk ont été finalisés quant à eux fin août 2014.
La phase de raccordement au réseau des parcs éoliens devient alors l’enjeu principal. Après quelques retards et défaillances durant la phase de raccordement à la terre, ces 3 parcs ont réalisé leur première production d’électricité dans le cadre de phases de test entre la fin de 2014 et le début de cette année. Ils devraient entrer en opération complète entre le printemps et l’été 2015.
Le par Nordsee Ost (295,2 MW) est installé depuis décembre 2014. Une première éolienne a injecté sur le réseau en essai dès fin décembre. Il devrait également être mis en service d’ici l’été 2015.
« L’éolien offshore en Allemagne est en train de passer d’une phase pionnière à une phase industrielle », reconnaît Florence Gaebler. En revanche, « plus l’on installera de parcs, plus les connaissances seront poussées et plus les réponses et solutions seront rapides à trouver », prévient-elle. Le secteur s’enrichit des expériences passées pour les prochaines constructions. Les expériences passées devraient permettre de réduire les temps de raccordement au réseau à terre.Et il est important de retenir les leçons de ces premières installations, car plusieurs autres parcs sont encore en construction et devraient être mis en service d’ici fin 2015 : Butendiek (288 MW), Amrumbank West (288 MW), Borkum Riffgrund 1 (312MW) et Baltic 2 (288 MW).
La puissance éolienne offshore installée et en service en Allemagne devrait passer de 916 MW fin décembre 2014 à 3275 MW fin 2015, soit une augmentation de 150 %.
Quels nouveaux parcs d’ici 2020 ?
L’avenir est déjà planifié. La construction de deux autres parcs devrait commencer dans le courant de l’année : Gode Wind 1 (330 MW) et Gode Wind 2 (252 MW).
Le lancement de travaux a été annoncé en 2016 pour 5 parcs en mer du Nord et 1 en mer Baltique pour une puissance totale de 1985 MW à 2143 MW. D’autres parcs ont déjà obtenu les autorisations en Mer du Nord ou en Mer baltique pour un total de 9050 MW. En revanche, en raison de la révision des objectifs de développement de l’éolien offshore, il n’existe pas de calendrier précis pour le lancement des travaux.
Car l’éolien offshore coûte encore cher. Il est aujourd’hui au moins deux fois plus cher que l’éolien terrestre : 60 à 90 euros par MWh pour l’éolien terrestre, 120 à 150 euros par MWh pour l’éolien en mer, auquel il faut ajouter les coûts de connexion vers le rivage, estimé à 30 euros par MWh. « D’un point de vue purement de politique énergétique, et dans une optique d’efficience économique, il est donc préférable de développer aujourd’hui davantage l’éolien terrestre (technologie largement mature), que l’éolien en mer », estime Dimitri Pescia, du think-thank Agora Energiewende.
Le gouvernement allemand a suivi cette réflexion et a revu ses objectifs en matière d’éolien offshore dans le cadre de la loi sur les énergies renouvelables de 2014 (loi EEG 2014), afin de ne pas faire exploser la note de l’Energiewende. Néanmoins, la filière allemande s’étant structurée grâce aux premiers parcs, le Gouvernement n’a pas souhaité porter un coup d’arrêt à son développement. « Le développement de l’éolien en mer peut être légitimé par d’autres enjeux, notamment en matière d’acceptation, en général meilleure que pour l’éolien terrestre, et pour des objectifs de politique industrielle – développement d’un savoir-faire national et d’un tissu industriel local porteur d’emploi, comme nous le voyons largement dans le nord de l’Allemagne-, pour une technologie qui a également un potentiel à l’export », analyse Dimitri Pescia. Les objectifs se portent aujourd’hui à 6,5 GW de capacité installée d’ici 2020 et 15 GW d’ici 2030, contre respectivement 10 et 25 GW dans la version antérieure de la loi. La filière espère que cela suffira pour réduire les coûts et assurer sa compétitivité au niveau mondiale.
Ci-dessus : Parcs éoliens installés, déjà construits ou en construction dont la mise en service est prévue d’ici fin 2015
Ci-dessus : Parcs éoliens autorisés dont le lancement des travaux de construction est prévu pour 2015 et 2016
Pour aller plus loin :
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
Et aussi dans les
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