Le 29 février, les ministères de l’agriculture, de la recherche et de l’économie ont lancé le plan « Agriculture innovation 2025 ». Parmi 4 priorités, ce plan retient la nécessité de développer le numérique et l’agriculture connectée. La dynamique de recherche de nouvelles technologies de capteurs et de services numériques associés sera amplifiée. « L’appel à projets « Recherche Technologique » financé par le CASDAR sera renforcé et atteindra 4 millions d’euros/an, notamment pour développer des bio-capteurs à visée de prévention sanitaire précoce », font savoir les 3 ministères dans un communiqué conjoint.
Par ailleurs, ce plan vise à développer un portail de données agricoles pour faciliter l’accès à un ensemble de données permettant l’émergence de solutions nouvelles pour tous les acteurs de la filière agricole. Les services de l’Etat promettent également d’accompagner les startups agricoles pour mieux les structurer.
Des capteurs au service de l’agriculture
Les nouvelles technologies foisonnent d’applications pour le monde agricole. Informatique embarquée, GPS, applications mobiles, logiciels de gestion pour alléger les tâches administratives, financement participatif, drones, robotisation du travail agricole… sont autant de voies explorées par les agriculteurs !
Une large gamme de capteurs intelligents autonomes, embarqués sur les engins agricoles ou sur des drones, permettent d’optimiser les traitements grâce à une meilleure connaissance des besoins du sol et des plantes.
L’heure du Big data agronomique arrive !
Le traitement de données géolocalisées permet d’évaluer les besoins au quotidien, suivre l’état des sols et gérer les risques. L’agriculteur peut ainsi connaître au mieux les besoins d’arrosage, les besoins spatiaux en engrais ou en produits phytosanitaires, pour ne traiter que les parcelles nécessaires. Par exemple, Weenat propose des capteurs connectés permettant de mesurer la température de l’air, l’hygrométrie, la pluviométrie, la température du sol… et fournit l’information météorologique et agronomique à la parcelle en temps réel pour aider à la prise de décision. De son côté, Ekylibre fournit un logiciel permettant une gestion complète de l’exploitation via des solutions open source. Par ailleurs, Picore, un système embarqué sur les tracteurs permet à l’agriculteur d’optimiser les réglages de son pulvérisateur de produits phytosanitaires. Il peut ainsi facilement réduire les quantités épandues de 15 à 20 %.
Les robots, au service de l’agriculture
Les robots se développent dans les champs et dans les élevages. Les robots de traite sont déjà présents dans 3 800 exploitations agricoles de vaches laitières. Des robots d’alimentation se trouvent dans 7 % des élevages. Ce taux devrait atteindre 10 % d’ici 3 ans. Les robots d’intervention sous serre, en milieu fermé, commencent aussi à s’implanter.
Les chercheurs développent des robots de collecte de données pour l’élevage, la viticulture et l’arboriculture. Ils développent aussi des robots d’entretien (semis, fertilisation, pulvérisation) et des robots d’assistance capables de suivre le pas de l’agriculteur pour lui épargner des tâches rébarbatives. Au Salon de l’agriculture, Terrena présente Oz, un robot de désherbage qui permet de s’affranchir des herbicides. Oz peut désherber mécaniquement 48 rangées de cultures de 100 mètres de long grâce à ses 4 heures d’autonomie.
Des robots autonomes capables d’aider à la récolte des fruits et légumes sont particulièrement attendus par les agriculteurs. Irstea démontre les performances du robot Effibot, issu du projet Baudet-Rob. Il s’agit d’un robot porteur chargé de transporter du matériel ou des produits en suivant automatiquement l’agriculteur pendant la récolte.
D’autres recherches sont encore en cours. Le projet « jeunes chercheurs » AdAP2E vise à réaliser un robot capable de traiter les vignes de manière autonome et d’aider à planifier et contrôler la pulvérisation en temps réel. Le projet PUMAgri cherche quant à lui à développer un robot désherbeur d’ici 2023 pour les filières du maraîchage, de la viticulture, de l’arboriculture, voir pour les grandes cultures.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
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