Le 2 décembre 2023, lors de la COP28, une vingtaine de pays dont la France ont appelé à tripler la production d’énergie nucléaire d’ici 2050, dans le but de sortir de notre dépendance aux énergies fossiles. Un appel qui a abouti à l’inscription du nucléaire comme solution de décarbonation dans le texte de l’accord final de la COP. En plus de marquer la fin d’un tabou, cette reconnaissance officielle intervient dans un contexte de relance mondiale de l’énergie atomique, alors que l’AIEA prévoit au moins un doublement de la capacité nucléaire installée d’ici 2050.
« Nous savons par la science, la réalité des faits et des preuves qu’on ne peut pas atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 sans nucléaire ». Tels sont les mots de John Kerry, envoyé spécial de Joe Biden lors de la COP28. Si plusieurs pays d’Europe, comme la Suède ou la France, comptent également sur le nucléaire pour décarboner, des signaux forts de relance du nucléaire sont aussi envoyés depuis la Chine, l’Inde, le Japon, la Corée du Sud ou encore le Canada.
Un contexte international favorable au développement de la filière nucléaire
Cet appel au développement du nucléaire n’a pas été lancé par hasard lors de la COP28. D’une part, on ne peut nier la portée symbolique de faire une telle annonce dans un pays qui demeure le 7e plus grand producteur de pétrole, mais qui mise de plus en plus sur le nucléaire pour soutenir sa croissance.
En effet, l’histoire du pays avec l’atome est récente, puisqu’elle a démarré en 2009, avec la signature d’un contrat de quatre réacteurs avec le consortium sud-coréen Korea Electric Power Company, qui a abouti à la mise en service du premier réacteur du monde arabe en 2021.
D’autre part, le fait de mentionner pour la première fois la contribution du nucléaire à la lutte contre le réchauffement climatique dans le texte d’une COP a un caractère historique indéniable, qui représente pour la France et les États-Unis une victoire diplomatique dont ils se félicitent.
Mais au-delà de la reconnaissance du nucléaire, qui n’est désormais plus un sujet tabou, cet accord intervient dans un contexte plus global de développement de la filière nucléaire au niveau mondial.
Bientôt un premier sommet mondial sur l’énergie nucléaire
En mars 2024, le tout premier sommet international sur l’énergie nucléaire aura lieu à Bruxelles. Cet événement organisé par l’AIEA et la Belgique réunira une trentaine de pays, des leaders industriels du secteur ainsi que des experts, des représentants de think tanks et des membres de la société civile.
Ce sommet sur l’énergie nucléaire abordera de nombreuses thématiques de haut niveau :
- des débats scientifiques au sujet des technologies de réacteurs, des systèmes hybrides nucleaire+ENR, du cycle de vie des installations, etc. ;
- un débat politique sur les obstacles au déploiement rapide des technologies nucléaires et les solutions identifiées pour les surmonter ;
- un débat autour des défis : approvisionnement en combustible, démantèlement des centrales, sécurité, etc.
L’initiative Atom4NetZero de l’AIEA
Pour l’AIEA, le sommet sera aussi l’occasion de présenter l’initiative Atom4NetZero, dont le but est « d’exploiter le potentiel de l’électronucléaire pour un futur énergétique propre ». Cette initiative fournira notamment « une expertise technique et des données scientifiques sur le potentiel de l’électronucléaire afin de décarboner la production d’électricité ainsi que les secteurs difficiles tels que l’industrie et les transports. »
Tous ces signaux indiquent la fin de la traditionnelle opposition entre énergie nucléaire et énergies renouvelables, une nécessité pour relever les défis énergétiques à venir.
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