François Hollande l’avait annoncé. L’objectif est d’abaisser la part du nucléaire dans la contribution énergétique de 75 % à 50 % d’ici 2025, soit dans à peine 10 ans. Quand on sait que le démantèlement d’une centrale s’étend sur trente ans pour un coût estimé à plusieurs centaines de milliards d’euros, on comprend la complexité d’un tel projet. Pour le mener à bien, une loi de programmation sur la transition énergétique sera présentée au printemps à l’assemblée nationale de façon a être validée avant la fin de l’année 2014.
Malgré l’existence d’un rapport de la cour des comptes de plus de 400 pages sur l’ensemble des coûts liés à la production d’électricité nucléaire en France, d’un rapport du Sénat sur le coût réel de l’électricité, les députés pourront motiver leur décision sur les informations provenant d’un ultime rapport. Ce dernier sera rédigé par la commission d’enquête relative aux coûts passés, présents et futurs de la filière nucléaire, à la durée d’exploitation des réacteurs et à divers aspects économiques et financiers de la production et de la commercialisation de l’électricité nucléaire. Un intitulé dont la longueur justifie à elle seule le travail du rapporteur…
Dans ce rôle, on retrouve l’écologiste Denis Baupin. Ce dernier y voit l’occasion de « mieux informer les parlementaires sur les coûts engendrés par les différents scénarii. Que coûtent la poursuite ou la sortie du nucléaire ? Les députés pourront décider en connaissance de cause. » se réjouit-il lors d’une interview donnée à nos confrères du Point.fr. Quoi qu’on puisse s’interroger sur ce manque de connaissance vu que la Cour des Comptes a déjà travaillé sur ces données. On sait depuis 2012 que la construction des installations nécessaires à la production d’électricité nucléaire s’élève à 121 milliards d’euros pour un parc composé de 58 réacteurs.
La maintenance quant à elle a été évaluée à 1.7 milliard en 2010 mais devrait atteindre près de 3.7 milliards en moyenne sur les 15 prochaines années. De son côté, le Commissariat à l‘énergie atomique avait publié une étude chiffrant la sortie complète du nucléaire entre 530 et 772 milliards d’euros, ce qui est beaucoup plus cher que le maintien du parc nucléaire tel quel.
Espérons que cette énième commission d’enquête apportera des informations complémentaires et ne se limitera pas à reprendre les études précédentes. Car si l’on ne connait pas le coût de fonctionnement de cette commission qui regroupe tout de même pas moins de 30 personnes, ça fera toujours trop cher le résumé…
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