La stratégie nationale bas carbone française fait du nucléaire un pivot du mix électrique à venir, en complément et en soutien des autres sources de production électrique.
« La construction de l’EPR ne peut être considérée que comme un échec pour EDF » ou encore « un échec opérationnel patent ». Ce sont dans ces termes que la cour des comptes qualifiait dès 2020 le chantier de construction de l’EPR à Flamanville. Depuis, ce dernier a été chargé et mis en service, même s’il ne devrait atteindre sa pleine puissance que cet été.
Dans le cadre du plan de relance du nucléaire, ce sont trois paires d’EPR supplémentaires qui doivent être mises en service entre 2035 et 2042, pour à la fois augmenter la capacité de production d’électricité nucléaire tout en modernisant le parc existant. La construction de 8 réacteurs supplémentaires sur le territoire est évoquée pour être en mesure d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, comme la France s’y est engagée.
Depuis des décennies, grâce à l’énergie nucléaire, qui permet à la France de produire près de 70% de son électricité, le pays dispose d’un des mix électriques les plus décarbonés au niveau mondial.
Si on se projette à horizon 2050, les enjeux sont multiples, mais la finalité limpide : être en mesure de produire une électricité 100% décarbonée. C’est au niveau des enjeux que cela se complique. Se défaire des énergies fossiles induit une augmentation de la production d’électricité ; l’électrification des mobilités implique aussi une augmentation de la consommation électrique ; la généralisation des usages numériques, informatique, l’IA, le stockage des données, ne va aujourd’hui pas dans le sens de la frugalité… Pour faire court, et sans minimiser les politiques de « sobriété » et les disruptions technologiques à venir, il est fort probable qu’il faille, d’ici à 2050, atteindre la neutralité carbone dans un contexte de forte hausse de la demande électrique.
Au milieu de cela, le nucléaire a vécu ces dernières années dans un flou entretenu par les alternances politiques. Il apparaît aujourd’hui que sous l’impulsion d’Emmanuel Macron, l’hexagone a remis l’atome au centre du jeu. En était-il possible autrement ? Si un déploiement massif des énergies renouvelables apparaît indispensable à l’objectif de neutralité carbone, une production nucléaire efficace, c’est-à-dire avec un parc nucléaire renouvelé, performant et pilotable, est à l’heure actuelle complémentaire à l’intermittence du solaire et de l’éolien. Avec l’impossibilité, encore aujourd’hui, de stocker l’électricité efficacement sur du moyen terme.
Dans un contexte prévisible de hausse de la demande d’électricité – pour la mobilité notamment, voire pour faire fonctionner des électrolyseurs ? -, d’une dépendance de plus en plus problématique aux ressources fossiles mise en lumière par le conflit en cours à l’Est de l’Europe, et qui impacte à la fois le prix de l’énergie, et la capacité à s’approvisionner en ressources, la capacité à produire une électricité décarbonée devient vitale. Encore plus si on ajoute à cela les transferts d’usages des énergies fossiles vers l’électricité, que ce soit au niveau de l’industrie ou du chauffage, pour ne citer qu’eux.
Les différents scénarios énergétiques à l’horizon 2050 montrent que plusieurs voies sont possibles, avec ou sans le nucléaire. Pour autant l’horizon énergétique le plus évident mêle énergies renouvelables – solaire, éolien -, production d’électricité nucléaire, et hydroélectricité. L’avantage du nucléaire est de minimiser les risques technologiques à mettre en œuvre en termes de développement des énergies renouvelables et de leur intégration au réseau électrique. Reste aujourd’hui que la politique énergétique du gouvernement doit absolument être mise en cohérence avec la politique fiscale. Il en va de même dans la conduite de la production sur le moyen et long terme, qui n’est aujourd’hui pas mise en relation étroite avec la gestion de la demande.
Les projets à venir d’EPR ont ce mérite, en termes de clarification des moyens mis en place sur le moyen terme pour produire une électricité décarbonée et répondre, au moins en partie, aux interrogations concernant la capacité tricolore à mener de front une production électrique décarbonée et en augmentation.
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