Sur la base des publications de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, le Ministère de l’agriculture estime que « d’ores et déjà, selon des calculs de la FAO, le monde produit suffisamment de nourriture pour alimenter douze milliards de personnes ».
Manquerons-nous de surfaces cultivables ?
Il est « inexact » d’affirmer cela selon le Ministère. « Depuis 50 ans, la production agricole a été multipliée par un facteur compris entre 2,5 et 3. L’augmentation des rendements et l’intensité culturale y ont contribué pour 85 %, l’accroissement des surfaces agricoles pour 15 %. » Et les co-auteurs de rappeler que « la FAO indiquait que 90 % des nouveaux besoins alimentaires à l’horizon 2050 seront satisfaits par des augmentations de rendement des terres actuellement cultivées. Les 10 % restant devraient provenir de l’extension des surfaces cultivées. »
Il y a sur terre, selon la littérature en la matière, entre 5 et 25 millions de kilomètres-carrés de disponibles sur terre pour l’agriculture. Il est donc théoriquement possible de passer de 16 millions de kilomètres-carrés cultivés aujourd’hui à 41 millions de kilomètres-carrés, c’est-à-dire de multiplier par 2,5 la surface cultivée. Si en plus les rendements par unité de surface sont améliorés, il y a vraiment de quoi nourrir beaucoup d’êtres humains correctement.
Les OGM, ou alors manger des insectes ?
« Il faudra produire plus (…) Il faudra aussi consommer moins de ressources en s’attachant en particulier à gaspiller moins de nourriture » estiment les 17 co-auteurs du rapport gouvernemental.
Il est possible de réduire l’empreinte surfacique des cultures en recourant notamment à des plantes génétiquement améliorées. Le ministère considère que les biotechnologies « peuvent être utiles pour lutter contre la faim dans le Monde ». Un point de vue non partagé par une partie des ONG environnementales en campagne contre les Organismes Génétiquement Modifiés, et en revanche favorables, par exemple, au remplacement de la viande animale par des protéines à base d’insectes ou autres invertébrés.
Un plus large recours aux outils de protection des cultures et aux engrais dans les pays pauvres, qui à ce jour les utilisent encore peu, permettrait également de réduire l’empreinte surfacique des cultures.
La bombe démographique est désamorcée
La fondation GapMinder (www.GapMinder.org), fondée par le professeur de santé publique suédois Hans Rosling, fait campagne depuis plusieurs années pour combattre les idées reçues en matière démographique. Elle montre, sur la base de données statistique présentées de manière très pédagogique, que la population humaine va se stabiliser.
Cette campagne a sensibilisé de nombreux intellectuels influents dans le monde, y compris le journaliste britannique Fred Pearce dont l’ouvrage, « L’apocalypse démographique n’aura pas lieu », a été publié en version française par la fondation Good Planet de Yann Arthus-Bertrand.
Selon Hans Rosling, « le nombre d’enfants qu’il y a aujourd’hui dans le monde n’augmentera probablement plus, nous sommes entrés dans l’âge du peak child », une expression qu’il utilise sous forme de clin d’œil à ceux qui sont angoissés par le peak oil, le pic de pétrole.
Une campagne relayée par la fondation de Bill & Melinda Gates
Pour Melinda Gates de la fondation du même nom, « Hans Rosling est l’un de mes fournisseurs de données préféré ». Un sacré compliment de la part de la femme du créateur de Microsoft. La conférence TED du philanthrope scandinave a été très remarquée. Son documentaire « Les faits à propos de la population. DON’T PANIC », diffusé par la BBC, également. Grâce à Hans Rosling « mon point de vue concernant un futur durable est bien plus optimiste que celui des malthusiens. La planète ne va pas mieux quand on laisse mourir les plus pauvres » a déclaré Mélinda Gates.
En effet, comme l’illustre avec brio GapMinder, plus le PIB par habitant est élevé, moins le nombre d’enfant pas femme est élevé. « Les êtres humains ne sont pas des machines. Nous ne reproduisons pas de manière stupide. Nous basons nos décisions selon les circonstances auxquelles nous faisons face » souligne Mélinda Gates.
Pour « sauver la planète », la meilleure stratégie est alors probablement d’aider les plus pauvres à s’enrichir. Ceci afin de stabiliser la population mondiale, le premier terme de l’équation de Kaya. Et en outre plus on est riche, mieux on est armé pour s’adapter aux conséquences du changement climatique, quelles qu’en soient ses causes.
C’est dans tous les cas une vision séduisante sur le strict plan de l’éthique humaniste.
Par Olivier Daniélo
En savoir plus :
> Le rapport du Ministère de l’Agriculture
> Le site de la fondation GapMinder
> La conférence « La machine à laver magique », par Hans Rosling (sous-titrage vers le français disponible)
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