L’Islande possède une douzaine de volcans actifs, des geysers et des sources chaudes. L’énergie géothermique y est donc très utilisée pour chauffer les bâtiments. Mais les émissions de ces volcans contiennent du CO2, d’où l’idée folle de les convertir en carburant !
La centrale géothermique de Svartsengi, sur la péninsule de Reykjanes, dans le sud-ouest de l’Islande, fonctionne depuis 1977 en cogénération. D’une puissance de 76,5 MW électrique et de 150 MW pour le chauffage, elle était la candidate idéale. L’entreprise Carbone Recycling International (CRI) capte désormais le CO2 émis par cette centrale pour former un nouveau carburant renouvelable, le « vulcanol », ou plus simplement du méthanol ! L’usine alimentée par le volcan tourne pour démontrer la faisabilité de la technologie. Une quantité équivalente à la consommation de dizaines de milliers de voitures a déjà été produite.
Des émissions concentrées
La centrale géothermique est alimentée par de l’eau chauffée par les roches chaudes souterraines, à proximité du volcan. Ce qui fait du Vulcanol, un carburant produit donc indirectement avec l’énergie d’un volcan ! Le dioxyde de carbone émis par cette nouvelle usine provient notamment de la décomposition dans l’eau des roches carbonatées souterraines. La quantité de dioxyde de carbone émise est relativement faible : environ vingt fois moins qu’une centrale au charbon par kilowattheure d’électricité produite. En bonus, ces émissions sont très concentrées et faciles à séparer. Il n’en fallait pas moins pour essayer d’exploiter ce filon.
Ce process pourrait être adapté pour capturer et recycler le dioxyde de carbone partout. La capture du CO2 est aussi testée dans les centrales thermiques au charbon ou d’industries très émettrices. Mais produire du combustible à partir de ces émissions s’est avéré difficile, car les émissions sont complexes et contiennent plusieurs produits chimiques coûteux à séparer. La capture, la séparation et la synthèse peuvent souvent nécessiter plus d’énergie que celle fournie par le carburant lui-même… En revanche, grâce à ce type de centrales électriques, les émissions sont plus faciles à capturer !
Un carburant « renouvelable »
Pour produire du méthanol à partir de dioxyde de carbone, il faut aussi de l’hydrogène. Cet hydrogène est obtenu par électrolyse de l’eau, grâce à l’électricité produite par la même centrale géothermique. La réaction entre l’hydrogène et le dioxyde de carbone forme ensuite le méthanol. Lors de sa combustion, il réémettra le CO2 utilisé pour sa production et de l’eau.
Contrairement aux carburants traditionnels, la combustion du méthanol n’émet donc pas de monoxyde de carbone, de suies ou de substances cancérogènes. Ce méthanol peut être mélangé à l’essence pour propulser des véhicules classiques. Des voitures électriques pourraient également utiliser ce carburant. « Si nous voulons passer des moteurs à combustion au véhicule électrique, des piles à combustible à méthanol deviendront un élément important pour les futurs véhicules à batterie avec extension d’autonomie – avec l’avantage supplémentaire que ces véhicules peuvent utiliser l’infrastructure de stations-services déjà existante », explique KC Tran, PDG et co-fondateur de carbone Recycling International.
À l’heure actuelle, environ 20 millions de tonnes de méthanol sont utilisés dans le monde chaque année, mais la plupart sont issues d’énergies fossiles. Selon le co-fondateur de Carbone Recycling International, il pourrait le devenir. « Le méthanol obtenu à partir de combustibles fossiles est déjà disponible à de faibles coûts et en grandes quantités. Mais le méthanol est également en train de devenir la source la plus polyvalente de carburant vert sur la planète, car il peut être fabriqué à partir de CO2 recyclé, de biométhane, ou de déchets solides issus de la biomasse, même à partir de déchets municipaux non triés. » prévient-il.
Pour ceux qui n’auraient pas de volcan sous la main, pas de panique: le méthanol peut être produit en grandes quantités ailleurs, par exemple dans les incinérateurs de déchets ménagers. Alors, entre le biométhane, le méthanol, l’hydrogène et l’électricité d’origine renouvelable, n’aurions-nous pas là une occasion de propulser nos transports de façon plus propre ?
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
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